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        442. Sans aucune consigne, les hommes savent prendre soin d'un objet
aimé. Ils découvriront, d'eux-mêmes, comment le conserver en lieu sûr. Ils
s'efforceront de ne pas le briser ou l'endommager. Quelqu'un a dit que
l'homme, très compétent pour s'occuper des pierres et des métaux, l'est
moins avec les plantes, encore moins avec les animaux, et très peu avec
lui-même. Vous pouvez juger par vous-même de la pertinence de cette
remarque L'homme est un organisme d'une extrême subtilité et il s'inflige
le traitement le plus cruel. Ne nous faisons pas d'illusions, la soi-disant
abolition des châtiments corporels ne fait que masquer une cruauté bien
plus grande. A quand l'abolition des persécutions spirituelles ? Quand
comprendra-t-on enfin que le tourment de l'esprit est le plus haut degré de
torture ? Aussi longtemps qu'il n'aura pas pris conscience du Monde
Subtil, l'homme ne réalisera pas sa part d'humanité. Ne nous étonnons pas
si certains exigent de diviser les mondes supérieurs en multiples
subdivisions. Que les gens comprennent plutôt, y compris ceux qui
demandent le plus, la nature du Monde Subtil, pour apprendre à y entrer
dignement. La subdivision sera saisie lorsque au moins le premier degré
d'Infini sera assimilé.

        443. Tel un Aimant, la Fraternité attire les âmes mûres. Les sentiers,
bien que différents, résonnent tous de cet accord intérieur qui appelle à
l'unité. Mais si beaucoup pressentent les vibrations éminemment salutaires,
seul un petit nombre en perçoit l'importance et la portée curative. Le
langage ne suffit pas à expliquer ce mode d'unification. Il faut une
conscience élargie pour comprendre et recevoir avec gratitude l'Aide
envoyée. L'homme commencera alors à discerner le mode d'approche de
l'énergie supérieure.

        444. Qui peut dire que la tension planétaire baisse ! Elle bouillonne,
au contraire, et les hommes ne savent même pas définir ce qui se passe !

        445. La notion de pardon suscite bien des malentendus. Celui qui a
pardonné suppose accomplir un acte extraordinaire, alors qu'il s'est
seulement évité des complications karmiques. La personne pardonnée
pense que tout est terminé mais, bien entendu, son karma demeure devant
elle. C'est vrai, celui qui pardonne n'interfère pas dans le karma de l'autre
et, de ce fait, ne l'a pas alourdi, cependant la loi même du karma reste en
vigueur pour les deux personnes. Les Seigneurs du Karma peuvent
l'infléchir dans la mesure où le feu de la purification brille avec assez
d'éclat, mais ce feu est difficile à enflammer.
De grands sacrifices ont été allumés pour éveiller ce feu. Vénérons la
mémoire de ces actes d'une haute abnégation. Leur beauté vit encore,
intacte, dans ces appels. Ni le temps, ni la confusion humaine ne saurait
étouffer les appels au sacrifice de soi. Les Alliances de la Fraternité parlent
des mêmes choses. Il est beau que, même aujourd'hui, le concept qui a
traversé les âges ne soit pas oublié.
Ne rejetons pas ces faibles lueurs de compréhension du sentier Surterrestre
[ce qui dépasse le terrestre, tout en étant aussi sur terre].

        446. Certaines personnes mettent par écrit les changements
intervenant dans leur attitude envers leur entourage. Ces notes sont utiles
car elles poussent à réfléchir aux évolutions en cours Ne craignons pas de
faire des erreurs dans ces observations. Il se peut qu'une humeur passagère
les colore arbitrairement ; malgré les couleurs surimposées, le mouvement
restera perceptible. C'est le mouvement, précisément, qui, tel un symbole
de vie, guidera l'homme.

        447. Parmi nos habitudes, gardons toutes celles qui contribuent à
élever l'esprit. N'arrachons pas les sentiments d'où peuvent surgir des
branches précieuses. Ne coupons pas les pousses saines ; car il est
impossible de créer en un instant quelque chose de beau et de nouveau.

        448. Des sensations humaines ordinaires sont souvent qualifiées de
surnaturelles. Un pressentiment est tout à fait naturel mais, par
superstition, on le range dans la catégorie hétéroclite de l'étrange. Une
impression ne trompe pas, mais la ressentir sera déjà une certaine
réalisation. Les hommes ont une tendance particulière à sombrer dans la
confusion lorsque les assaillent simultanément différentes vagues de
sensations. Même des observateurs entraînés ne parviennent pas toujours à
discerner entre ces impressions contrastées. L'une peut émaner d'un proche
voisin et une autre provenir par delà les montagnes lointaines. Il est
d'ailleurs assez fréquent qu'une circonstance proche interrompe des
courants distants, très importants. Ne nous laissons donc pas abattre par
des détails lorsque de grands appels sont peut-être déjà en chemin.
Ajustons notre ressenti au plus grand, sachant qu'il peut surgir à tout
moment. Gardons notre attention fixée sur de grandes tâches, surtout
lorsque l'espace est soumis à une telle tension.

        449. Un pressentiment est parfois appelé la figure de proue du navire :
il en précède la marche et ne se laisse pas doubler. La conscience nouvelle
comprend que le vaisseau a une étrave et une poupe, mais la superstition
ajoute à l'étrave du navire la figure la plus fantastique. La pensée humaine,
également, pare les sensations les plus simples de formes inouïes.

        450. Alors, en quoi consiste le progrès ? Certains supposent que c'est
la constante reconnaissance du nouveau. Cette aspiration n'est-elle pas
partiale, ne faut-il pas y ajouter le réajustement de l'ancien ? Cela s'est vu
plus d'une fois, les gens tendent abstraitement leurs efforts vers le neuf tout
en continuant à vivre dans un vieux taudis. Untel donne des leçons de
propreté tout en étant d'une saleté extrême. Sera-t-il convaincant ? Ou bien
un paresseux appelle au travail, mais qui l'écoutera ? N'ayons pas peur de
revenir à ces exemples primitifs, car la vie en est pleine.
Qui pense à l'harmonie sait qu'une maison pleine de vieilles
immondices n'est pas neuve. On voit pourtant de magnifiques
accomplissements qui ont tourné court, parce qu'ils ne pouvaient se
développer dans la saleté. Il est déplorable de constater le sort de ces
accomplissements utiles, mais il l'est plus encore de voir les produits de
leur dissolution joncher si longtemps les sentiers déjà découverts. C'est
pourquoi je parle d'équilibre.

        451. Ne laissez pas diffamer les quêtes sincères et sainement fondées.
Elles ont besoin d'attention et de soin. Tel le jardinier qui cultive de
nouveaux fruits et fertilise le sol, tenons-nous prêts à aider le nouveau et à
réguler l'ancien. Quiconque veut aider doit se préparer de toutes les
manières envisageables. Armé de cette bonne volonté, il trouvera la forme
d'aide appropriée.

        452. Observez et, si possible, mettez par écrit la date des événements.
Cela permettra plus tard de former une remarquable mosaïque.

        453. Après le rapport entre l'ancien et le nouveau, Je traiterai de la
corrélation entre intérieur et extérieur. Auparavant, on apprenait aux gens
le mensonge, la simulation et on les félicitait pour leur hypocrisie. Ces
sujets ont été abolis car ces traits sont devenus pour ainsi dire innés. En
réalité, il faut prêter attention à la discorde tragique entre l'intérieur et
l'extérieur. Est-il possible d'espérer maîtriser la sublime énergie avec une
dissonance aussi destructrice ? Les hommes parviennent à un tel degré de
torpeur qu'ils n'imaginent pas porter en eux et l'ami et l'ennemi, en
perpétuel conflit. Impossible d'acquérir du pouvoir avec un masque sur le
visage et un poignard dans le cœur. Impossible de s'épanouir si l'organisme
est constamment en désunion. Nous avons parlé d'unité, pour que chacun
la comprenne en relation avec ses proches et aussi vis-à-vis de lui-même.
Cette désunion intime condamne l'être à se dissoudre et à se dévorer.
Dans les discours sur la Fraternité, ce n'est pas sans raison que l'unité
est souvent rappelée. Comprenez-en le sens profond.

        454. Chacun a remarqué, non sans surprise, qu'un schisme s'est
produit dans les meilleurs enseignements. Certains responsables y ont
parfois vu le mérite de susciter la discussion. Il faut pourtant bien voir qu'à
l'approche de la Vérité, il ne peut y avoir de contradictions. Seuls les
aveugles ne voient pas ce qui est devant eux. Cet aveuglement ne provientil
pas de la désunion intérieure ?

        455. L'histoire de diverses disputes donne une leçon édifiante. Ces
folies se commettent à travers le monde. Elles sont universelles. Ne seraitil
pas temps de remettre la Fraternité en mémoire ?

        456. Ce qui empêche la consolidation du progrès, c'est non seulement
le manque de cohérence entre l'ancien et le nouveau, l'intérieur et
l'extérieur, mais également des compréhensions différentes des termes les
plus simples. Rien d'étonnant à ce que les concepts les plus simples soient
faussement interprétés : il n'existe pas d'unité de conscience. A part
quelques magnifiques vols solitaires, dans la majorité des cas les hommes
s'enlisent dans un marécage ! Impossible de les instruire sur les énergies
supérieures, faute d'un minimum de discipline. Vous avez entendu parler
de la fin désastreuse de cette expérience sur les courants à haute tension.
Vous avez eu raison de l'attribuer à la négligence. Le premier succès, loin
d'inculquer la prudence, conduisit au contraire au relâchement. Les cas de
ce genre sont nombreux. Il est souvent impossible d'accorder le succès, car
il s'avère un jouet dangereux placé dans des mains étourdies.
Beaucoup d'ignorance coupe la voie du progrès.

        457. Toute mission est dangereuse. Maintenez fermement le cap sur
celle-ci car, de tous côtés, des mains se tendent. Il n'est donc pas étonnant
qu'autant d'avertissements jalonnent les sentiers de la Fraternité. Les
considérer comme superflus est stupide. Qui peut se vanter d'avoir son sac
de voyage en ordre ?

        458. Dans vos préparatifs pour la Fraternité, comprenez la simple
vérité – plus vous la comprenez, mieux cela vaudra. Ne croyons pas avoir
tout le nécessaire. Considérez, au contraire, comme indispensable de revoir
tous les objets que vous emportez. On ne peut en prendre beaucoup, mais
il est inadmissible d'oublier le nécessaire. Votre choix constituera un test
adéquat.

        459. Tout comme l'eau étanche la soif, c'est le sentier d'approche du
Monde Supérieur qui apaise la soif de connaissance. Bien des savants
souffrent leur vie durant d'une angoisse indicible, parce qu'ils s'éloignent
de la connaissance du Monde Supérieur. Il n'est rien de plus cruel, de plus
dévorant que cette angoisse née du sentiment de faire fausse route. Elle
finit même par figer tout progrès et les individus se torturent sans
comprendre leur erreur. Ils font beaucoup de mal. Ils sont prêts à
persécuter la moindre manifestation de Lumière.

        460. Parmi les nombreux masques dont dispose l'homme, l'un des plus
repoussants est celui de l'unité. Il faut s'enfoncer dans la fange pour oser
une telle fausseté et afficher le sourire de l'unité quand se cache la grimace
de la malveillance au fond du cœur. Il faut imaginer l'éclatement complet
de l'esprit pour comprendre à quel point cela viole la dignité humaine.
Ce phénomène hideux se produit souvent, comme il est éloigné de la
Fraternité !

        461. La Fraternité n'est pas un refuge, elle est un Phare, une Tour de
guet ; c'est ainsi qu'il faut la comprendre. Sans quoi les gens supposeront
que les Frères cherchent à se soustraire aux persécutions. Non, l'isolement
de la Fraternité est nécessité pour de tout autres raisons. Tel un Phare sur
un pic élevé, la Fraternité se sert de sa connaissance pour sauver
l'humanité.

        462. Certains Instructeurs ont parfois déconseillé de s'occuper de
questions insolubles. Bien entendu, ils voulaient éviter de pousser au
ressentiment des esprits non préparés ; mais quand la discussion est
possible, encouragez les explorations intellectuelles les plus profondes. La
beauté resplendit dans les pronostics qui naissent dans l'unité fraternelle.

        463. Nombre de communautés et de fraternités sont tombées en
ruines, fera-t-on remarquer, mais ce n'est pas d'elles que Nous parlons. Il
se pourrait, du reste, que certaines d'entre elles aient été transférées ailleurs
mais, à un œil étranger, elles peuvent sembler s'être désintégrées. Les
hommes savent-ils grand chose de la vie d'une maison voisine, beaucoup
moins que ce qu'ils sont supposés savoir. Chacun a eu, dans sa vie, des
événements déterminants dont personne n'a rien su. A fortiori, qui pourrait
l'apprendre s'ils sont transmis à distance par la pensée ? Certes, la pensée
peut s'intercepter, mais dans des conditions particulières. Si une émission
est suffisamment claire et dirigée vers une personne précise, elle entrera
infailliblement en contact avec son aura. La force de la pensée suffit ainsi à
préserver des Communautés. Certains, cependant, en ont si peur qu'ils
rejettent tout ce qui touche la pensée, de près ou de loin. Ne les attirons
pas, ils finissent toujours par trahir. Plus d'une fois, des communautés se
sont déplacées pour se débarrasser d'éléments indésirables. Il est plus
facile d'annoncer la dissolution d'une communauté que de mettre à
découvert ceux qui peuvent lui nuire. A partir d'une telle situation, vous
comprenez plus facilement pourquoi la Fraternité se trouve dans un endroit
inaccessible. Tous ceux qui possèdent une information à son sujet ne la
divulgueront qu'avec prudence. Les hommes supportent mal de ne pouvoir
comprendre quelque chose ; or une compréhension de ce genre ne se
sédimente que lentement. Il est exceptionnel que le Calice soit plein à
déborder. Centre de synthèse, le Calice préserve les accumulations les plus
essentielles, les plus ineffables.

        464. Le Calice, comme le cœur, est en relation intime avec le concept
de fraternité. En lui se dépose tout ce qui est aimé et précieux. Une grande
partie de ce dépôt y reste parfois latent des vies entières mais, si ce concept
s'est imprimé sur le Calice, il fera résonner une note de joie et d'aspiration,
dans toutes les existences. Le concept de fraternité est un facteur de salut
pour ceux qui le connaissent, même au moment des difficultés et des
batailles.

        465. Observer des actions et des réactions avec des idées toutes faites
condamne à ne discerner qu'un schéma préconçu. Si tous les faits déformés
étaient évoqués, il serait terrifiant d'apprendre le nombre de résultats déjà
découverts qui ont été détruits. Impossible de montrer un progrès qu'une
trahison préméditée n'ait contribué à ternir ! La préméditation a de
nombreuses causes, la première est l'ignorance ; puis viennent la
malveillance, l'envie, la jalousie du succès d'autrui, le rejet du nouveau.
Une foule de traits ignobles déforme ainsi les faits. Un tel état d'esprit
facilite-t-il la connaissance de la grande énergie ?
Incompréhension et malveillance se rencontrent à chaque pas. Il faut
développer la volonté pour accueillir ces obstacles, car ils sont inévitables.
Même si l'on trouve en soi la fermeté suffisante pour surmonter ces
difficultés, nombre d'heureuses confluences seront perdues.

        466. Impossible de comprendre pourquoi les observations les plus
simples sont négligées ! Dans l'étude des arômes, par exemple, on ne prête
pas assez attention à l'utilité ou à la nocivité de diverses senteurs très
agréables. Les fleurs ont chacune un nom qui les distingue, mais les
"parfums" portent des noms de fleurs conventionnels. Nul ne se soucie de
l'utilité des parfums mais les essences employées pour les fabriquer sont
parfois presque toxiques. Il est regrettable que l'enseignement des couleurs
et des arômes se soit dégradé au point que les gens proposent d'employer
une coloration à l'arsenic ou un arôme mortel !

        467. Une vaste utilité constitue la beauté de la coopérative. Qu'elle
n'admette rien de pernicieux, quelle qu'en soit l'apparence. Ainsi nous
approcherons du concept de fraternité. Gardons à l'esprit que l'heure la
plus difficile peut être le seuil d'une nouvelle réalisation.

        468. Souvenez-vous toujours des jeunes collaborateurs. Souvenezvous
qu'il est toujours possible de les trouver. Souvenez-vous qu'ils vous
attendent sous divers vêtements. Leur aspiration encore vague dissimule
leur capacité à partir, sur un seul mot, vers de nouveaux accomplissements.
Que, dans tous les domaines de la science, retentisse un appel à la vaste
vérité Que chacun, ne serait-ce qu'à partir de la culture physique, se mette
à penser à la culture de l'esprit. Que la biologie nous rappelle que la vie est
sans fin. Si quelqu'un aime les sots étranges, n'y faites pas objection, car
les sentiers sont infinis. Si quelqu'un s'égare, encouragez-le, car il n'est pas
rare que la perplexité soit le signe d'une pensée secrète. Lorsque quelqu'un
voit les choses avec mélancolie, n'est ce pas l'indication d'un espoir
frustré ? Une parole sur l'Infini peut donner des ailes. Si quelqu'un garde le
silence, peut-être cherche-t-il le terme le plus expressif ? Encouragez-le
d'un regard. On pourrait énumérer de nombreux ponts par lesquels de
jeunes amis peuvent traverser le courant. Mais le principal, c'est que la
bonne volonté des jeunes forces est grande. Tous ceux qui hochent la tête
avec scepticisme doivent s'en souvenir.

        469. En ce qui concerne les jeunes qui ont choisi le sentier fraternel,
faites en sorte que cette source inépuisable soutienne continuellement leur
force par la réciprocité. Ne croyez pas que les jeunes deviennent réceptifs
après un certain âge. La mémoire se réveille souvent fort tôt, et c'est
merveille de voir avec quel brio la pensée est à l'œuvre à un âge très
précoce.

        470. La conscience des adultes traverse parfois certaines périodes
d'obscurcissements, alors que les enfants perçoivent avec acuité de
précieuses qualités. Les adultes parviennent rarement au concept
d'héroïsme, les jeunes, au contraire, raffolent des héros populaires ; les
grands exploits les ravissent et ils rêvent de se voir compter au rang des
champions de la vérité. Il est inadmissible de les priver de cette source
vivante d'inspiration, qui continuera à les éclairer tout au long de leur vie.
Cette aspiration, loin d'être une forme de sensualité, marque au contraire la
croissance d'une conscience qui est entrée en contact avec une image de
beauté. Il faut préserver ces contacts à tout prix, car ils donnent aussi
naissance au concept de Fraternité.
Ne croyez pas que la réalisation de la Fraternité provienne d'une sorte
de morale figée et dogmatique ; au contraire, un bel accomplissement peut
illuminer un jeune cœur pour toujours.

        471. L'Instructeur a le bonheur d'aviver en ses disciples l'audace vers
la beauté. De longues listes d'incidents fastidieuses et assommantes ne
promeuvent pas cette réalisation. L'Instructeur doit lui-même s'embraser au
point d'enflammer par sa seule approche. C'est une tâche ardue à mener
jour après jour ; mais les hommes s'éprouvent précisément dans la vie
quotidienne, qui est sueur de l'Infini.

        472. L'écoulement d'énergie psychique ne se traite pas par transfusion
sanguine, mais par la valériane, le musc et le lait additionné de bicarbonate
de soude. A ces remèdes de base peut s'ajouter l'énergie psychique du
médecin ; celle-ci est tout à fait essentielle. Notre jeune ami possède une
précieuse qualité : il peut donner, sans dommage pour lui, une grande
quantité d'énergie, car il n'a nulle malveillance ; celle-ci a généralement un
effet affaiblissant. Elle risque de provoquer une forte convulsion ; c'est
pourquoi elle n'est pas une base adaptée.

        473. L'anémie est couramment prise pour une insuffisance sanguine,
mais ce facteur n'a pas une importance fondamentale. Elle est produite par
une déperdition d'énergie psychique. Des médecins irréfléchis croient
possible de restaurer les forces d'un malade en lui faisant boire du sang, ils
oublient que l'influx d'énergie psychique ne sera qu'apparente. Ce serait
comme de vouloir éclairer une grande maison avec une allumette. Ingérer
du sang fait grand tort, car c'est une substance qui a besoin d'être étudiée et
préparée. C'est pourquoi Nous conseillons rarement de mélanger le sang.
Ce n'est pas absolument nécessaire. Les recettes simples dont nous avons
déjà parlé suffisent à accroître l'énergie psychique. A condition cependant
que, dans le voisinage, personne ne l'absorbe, consciemment ou
inconsciemment. Toute irritation, tout abattement l'absorbent nettement.
Lorsque l'on enseigne les bases de la Fraternité, les premières choses à
éliminer sont ces éléments contraires à l'énergie psychique.

        474. Il est conseillé d'observer les méthodes d'invasion du chaos.
Beaucoup supposent que la notion même de chaos exclut tout système.
Représenter le chaos comme complètement informe est inexact. On peut
observer avec quelle subtilité il s'insinue dans toute vie. Il s'introduit
comme une force réelle de décomposition. "L'Invasion du Chaos", tel
pourrait être le titre d'un recueil très instructif d'observations.

        475. Les Ecritures de tous les peuples mentionnent les voix spatiales
sous divers noms. Ne cherchons pas la raison pour laquelle ces voix ont été
attribuées aux sources les plus variées. Pour le moment, il suffit de garder
à l'esprit qu'elles sont connues depuis la plus haute antiquité. Ne supposons
pas que les peuples des cultures les plus diverses se soient tous trompés ou
aient tous intentionnellement menti. La science a déjà maîtrisé la
transmission sans fil, qu'elle perfectionne sans cesse. De plus, elle étudie
les pensées et elle a déjà obtenu de remarquables observations. Malgré
cela, l'ignorance a tellement augmenté qu'il faut répéter les vérités les plus
simples.

        476. Non seulement toutes les idées et opinions sur l'énergie
primordiale sont rejetées, mais on va parfois jusqu'à considérer qu'y penser
est mauvais pour la santé. Des arguments aussi absurdes existent Ceux qui
les soutiennent n'admettent pas que les pensées puissent avoir un autre
effet que nuisible à la santé, ce qui implique que tout ce qui s'y rapporte ne
peut qu'être nocif. J'affirme que la pensée est le principe naturel de la vie.
Rien de ce qui relève de ce principe ne saurait nuire ; l'irréflexion est de
loin plus effrayante.

        477. Chacun a remarqué des personnes qui posent des questions très
compliquées, mais n'appliquent pas, dans leur vie, les principes de base
élémentaires. C'est tout à la fois consternant et incongru. Ne vaudrait-il pas
mieux appliquer dans la vie les formules raffinées ? Ces incongruités sont
à rejeter dès le début du sentier de la Fraternité.

        478. Les appels spatiaux atteignent la Terre selon les modes de
réception les plus imprévus. Un appel impératif à l'altruisme et à la
compréhension mutuelle touche certains. Mais faites attention au caractère
inattendu de ces résultats. Si l'on portait sur une carte du monde les
endroits où notre appel est perçu, on obtiendrait un dessin surprenant. Mais
il se trouve des personnes qui répètent cet appel sans le comprendre. Les
semeurs de discorde ne répugnent pas à parler d'altruisme. Le sens même
du mot s'en trouve annulé et, au lieu de compréhension mutuelle, surgit
une violente haine. Pourtant, transcendant tous les obstacles, l'appel à
l'altruisme et à la compréhension mutuelle demeure. Ce qui n'est pas
compris aujourd'hui le sera demain.

        479. Les hommes n'arrivent pas à trouver de critères satisfaisants pour
évaluer les actions. Voici une opinion brillamment exposée, elle paraîtra,
au regard de l'évaluation supérieure, de valeur médiocre. Une autre,
formulée avec une hésitation pleine de réserve et de modestie, méritera une
joyeuse approbation ; la raison échappera à un observateur superficiel. Les
fausses pierres peuvent briller ; une pensée profonde peut s'exprimer en
termes singuliers. Encourageons les lieux où brille l'éclat intérieur.
Lorsque Je parle de simplicité, je pense à son pouvoir de persuasion
directe. Lorsqu'il est question d'élever le niveau de l'humanité, la simplicité
est requise avec toute sa force de persuasion. Le mental doit accepter cette
qualité et le cœur l'aimer ; il en émane à la fois coopération et Fraternité.

        480. La dissonance est plus audible que l'harmonie. L'audition de la
couche immédiatement supérieure au plan terrestre nous confronte avec
des grognements torturés, des plaintes et des cris de terreur. Après ces
gémissements, les sphères suivantes semblent silencieuses ; mais c'est une
impression relative. La musique des sphères est sublime, et elle ne meurtrit
pas les centres nerveux. Ainsi en va-t-il de tout le reste, les hommes sont
attirés par la dissonance et seul un petit nombre reconnaîtra l'harmonie. Sur
les chemins de la Fraternité, il faut connaître le pouvoir de l'harmonie.

        481. Ceux qui blasphèment contre ce qui existe espèrent que leurs
projections pernicieuses resteront impunies ; s'efforçant d'avancer sur le
sentier du mal, ils se vantent de ce que la justice ne les arrêtera d'aucune de
ses flèches. Peut-on placer sa confiance en ce qui ne s'est encore jamais
produit ? Leur pensée tente de la retenir, car l'intellect trouve des exemples
d'immunité contre le châtiment. Mais qu'ils se souviennent combien
l'intellect a la vue courte !

        482. Remarquez à quel point des personnes, même de qualité, peuvent
s'aveugler ! Il est exact qu'elles ne perçoivent plus les avertissements. Il
faut les prévenir avec les plus grandes précautions, leur donner
l'avertissement par bribes sans s'occuper de savoir si leurs yeux s'ouvrent
au tout début.

        483. Dans les communautés d'autrefois, on saluait chacun de ceux qui
passaient par une épreuve. On l'entourait de prévenances puisque, savaiton,
il est inadmissible d'interrompre brutalement le déroulement de leur
expérience. On considérait chaque épreuve comme le seuil d'une nouvelle
étape. Nul ne pouvait modifier le cours des faits mais les encouragements
fraternels lui permettaient de ne pas ralentir le pas, même devant les
images les plus effrayantes. Le chaos, naturellement, dans sa terrible
laideur, tente par tous les moyens de bloquer le sentier de ceux qui sont à
l'épreuve. Ces images ont beau être épouvantables, la plus horrible d'entre
elles annoncera la fin de l'épreuve.

        484. Disciple, lorsque tu choisis une sphère restreinte d'activité, garde
encore une heure pour Ce qui contient tout. On ne peut respirer dans une
sphère confinée, mais un mince rayon d'Infini apportera assez de prana.
L'inclusivité existe dans l'Infini. Lorsque cette vérité est réalisée, il n'existe
plus de sphère étroite ou étouffante. Dans la quête de la Fraternité, gardez
à l'esprit ces poteaux indicateurs du sentier de libération.

        485. Lorsqu'une lumière puissante approche de ses yeux, la personne
s'écrie qu'il n'y en a pas assez. Elle est aveuglée, n'en est-ce pas la cause ?
On pourrait citer de nombreux cas où des yeux déficients n'ont pas réussi à
voir la lumière. L'insensibilité à la lumière n'est pas du fait de celle-ci,
mais d'une piètre vue. Rappelons-le souvent à ceux dont les yeux sont
obstrués par la poussière. Sont-ils aptes à fouler le sentier de la Fraternité ?

        486. Expliquons les concepts par des représentations graphiques.
Imaginons l'unité sous l'aspect d'un dôme stable et magnifique ; que les fils
de l'élévation se prolongent vers le haut et convergent comme des facettes
du dôme. Nul ne craindra que l'unité empiète sur l'individualité. Pour les
anciens bâtisseurs, chaque colonne, chaque marche avait son individualité,
mais elles concouraient à l'harmonie générale de l'édifice. La voûte était
soutenue non par des ornements, mais par une exacte cohésion interne.
Ainsi l'unité peut se découvrir lorsque est comprise la cohésion interne qui
s'élève jusqu'au sommet. Recherchons sans cesse les meilleures
illustrations du concept d'unité. L'Unité est tellement nécessaire mais si
souvent déformée, même par ceux qui connaissent déjà la Fraternité.

        487. Laissez derrière vous tous les regrets du passé, ne rendons pas
plus difficile notre marche vers l'avenir. Les erreurs même du passé ne
doivent pas trop retenir votre attention. L'effort pour l'avenir doit être si
puissant que la lumière ne pâlira pas dans les yeux qui ne se retournent pas
en arrière. Au nom de l'avenir, abandonnons le passé. L'effort vers le futur
peut avoir une telle force que, dans toutes les situations, cette ardeur bénie
demeurera. Tout effort vers l'avenir est un effort vers la Fraternité.

        488. Comprenez le grand nombre de conditions extérieures qui
concourent à déterminer l'état d'esprit de l'homme. Cet essaim s'appelle un
nuage de "sauterelles".

        489. Beaucoup ont souvent entendu parler des Kumaras, peu ont
compris leur nature. Cette manifestation est Sur-terrestre [ce qui dépasse le
terrestre, tout en étant aussi sur terre], c'est ce que disent les hommes, mais
ils oublient de quel labeur est construit l'accomplissement. Les savants
entrevoient déjà de quelle manière une personnalité accède au panthéon
des héros. Les qualités des Guides de l'humanité s'accumulent de la même
manière. S'ils ne passent pas par les souffrances terrestres, ils ne pourront
jamais répondre à celles des hommes. S'ils ne travaillent à la sueur de leur
front, ils ne pourront les guider dans leur labeur. Abnégation, miséricorde,
compassion, courage se forgent dans la vie. C'est l'expérience concrète qui,
seule, façonne la force de l'esprit. Que les hommes comprennent les
Kumaras comme les véritables Meneurs de l'humanité.

        490. Le rythme de la bataille ne repose pas sur le désir de tuer.
J'affirme que les forces manifestées ne lancent pas d'offensives, elles se
tiennent sur la défensive contre le chaos. Beaucoup ont du mal à
comprendre qu'il s'agit d'une guerre continue, dont seul le rythme change.
Les craintifs tremblent à la seule mention de bataille et se demandent
quand cela finira-t-il. Ils seront complètement abattus lorsqu'ils
apprendront que la bataille se terminera avec le chaos. N'est-ce pas
terrifiant pour certains ? Mais la terreur ne convient pas sur le sentier de la
Fraternité.

        491. Se penchant au-dessus d'une citerne, l'instructeur demanda à son
disciple : "que vois-tu ?" Celui-ci répondit "Je vois ton clair reflet". Puis
l'Instructeur lui ordonna de remuer la surface de l'eau avec le petit doigt ;
"que vois-tu ?" "Vos traits déformés", répondit-il. "Songe alors, si le
contact de ton petit doigt avec l'eau suffit à troubler mon image, aux
distorsions que produira tout contact grossier dans les énergies subtiles"
Les exemples les plus simples peuvent ainsi instruire sur le Monde Subtil.

        492. Une grande partie des cellules de l'organisme se trouvent en
sommeil. Il a été indiqué que leur réveil rendrait l'homme lumineux et
capable de voler. Est-il concevable que les hommes, en l'état actuel, puisse
provoquer en eux un tel éveil de lumière ? Réfléchissez, ils sont
pleinement équipés pour l'évolution la plus haute, mais le trésor doit être
laissé en sommeil. L'état de conscience actuel ne permet pas de progrès
rapide. Ce n'est qu'en de rares cas qu'un organisme s'illumine et qu'avec
l'aide du Monde Subtil, il réalise temporairement les possibilités
prédestinées.

        493. Sur le sentier de la Fraternité, perdez l'habitude de la dépréciation
systématique. Pourquoi indiquer des phénomènes qui dépassent les
capacités de la conscience ? Ne causons aucune blessure, même par
ignorance.

        494. Ne croyez pas que les pensées aient une influence prépondérante
sur les rêves. Des pensées spatiales éloignées peuvent aussi influer. Il est
très facile de les percevoir pendant le sommeil. Les rêves doivent encore
être étudiés.

        495. Plus d'une fois, l'Instructeur s'est écrié "Joie". Les disciples ont
regardé autour d'eux avec perplexité "Où est la joie ? Le ciel est voilé et
tout est triste". Pourtant l'Instructeur prévoyait la joie qui surpasse tout état
d'esprit temporaire.

        496. Plus d'une fois, l'Instructeur a prévenu d'un danger, mais les
disciples s'étonnaient : "d'où pourrait surgir le danger dans cette paix et
cette tranquillité ?" L'Instructeur, lui, percevait déjà ce qui pouvait générer
un risque. Ne craignons pas le danger, affrontons-le avec vigilance. Pour la
joie également : n'écartons pas le travail, ne quittons pas notre tâche, mais
renforçons-en la qualité par la joie.

        497. Ceux qui recherchent la Fraternité appartiennent à l'élément Feu.
Du feu naît exaltation et inspiration. L'élément lumineux se révèle dans
chaque soupir vers la Fraternité.

        498. De grands criminels ont parfois suscité l'admiration, à cause de
leur appréciation de la beauté. A travers l'histoire de l'humanité, on trouve
des preuves convaincantes que la beauté s'avère un bouclier Toute baisse
de créativité marque un déclin de l'humanité, alors que l'époque de
renaissance du pouvoir créateur est toujours une époque
d'accomplissement. Puisque cette vérité est largement reconnue, pourquoi
l'art ne s'applique-t-il pas dans la vie ? Rappelons que de belles œuvres de
créativité sont devenues de salutaires points de repère ; dans l'effort, les
hommes se sont hâtés vers elles, car ces œuvres portent la paix. Sans
beauté, impossible de penser à la Fraternité.

        499. Parlons du mouvement, de mauvaises interprétations continuent à
s'entasser sur ce concept. A sa seule évocation, les hommes se jettent dans
une course fébrile Mais l'agitation convient-elle aux manifestations
supérieures ? Les hommes ne distinguent pas entre mouvement extérieur et
intérieur ; c'est pourtant là une distinction essentielle ; elle protège de
l'agitation et de sa conséquence inévitable, la fausseté.
La compréhension du mouvement intérieur lui conférera la dignité.
Les hommes acquièrent difficilement gestes et mouvement lui-même ;
souvent, ils ne savent que faire de leurs mains, leurs pieds et même de leur
tête. Ils hochent la tête, brassent l'air, faut-il aller jusqu'à leur apprendre à
marcher ? Toutes ces maladresses n'ont d'autre cause que le désordre de la
conscience. L'agitation sans but exprime une inadaptation à la vie. La
bouffonnerie n'a pas sa place sur le sentier de la Fraternité. Apprenons
donc à distinguer entre mouvements intérieur et extérieur.

        500. Revenons inlassablement sur l'unité. Sur ce concept existe aussi
une constante confusion entre intérieur et extérieur. Les gens diront, nous
sommes unis, en dépit de quelques petites fissures ; ils oublient qu'elles
sont les foyers du délabrement. Ils n'attachent pas d'importance à l'union
intérieure. Mais quels décrets peuvent implanter les signes de l'harmonie ?
Il ne reste qu'à faire appel au sentiment de honte de l'humanité. Sans
compréhension de l'harmonie, il ne peut y avoir de Fraternité.

        501. La paix, parlons-en encore et encore. Que ce mot accompagne les
hommes sur tous les chemins.

        502. Est-il possible de porter un jugement sur la paix en vivant dans la
grossièreté et la cruauté ? Observez ces pacifistes chez eux, dans leur vie
quotidienne. Ecoutez-les discuter de leurs affaires et de celles des autres.
Mettez-vous au courant de leurs plaisanteries et médisances pour
comprendre à quel point ils sont inaptes à la paix. Mais personne ne
s'inquiète du niveau moral de ceux qui décident de la destinée des nations.
Personne ne réfléchit que rien de propre ne saurait sortir de la saleté.

        503. Furie – c'est le seul mot qui convienne pour désigner l'horrible
état dans lequel tombent les possédés par l'égoïsme et qui, mus par l'appât
du gain, approchent les Enseignements Supérieurs. L'examen de leur salive
suffirait à montrer la condition pathologique de leur organisme. Quelqu'un
peut s'inquiéter s'ils mordent. Il aura raison, car leur contact empoisonne.
On peut citer maints exemples de cette folie. Les intentions avec lesquelles
ces personnes approchent les Sources de Lumière sont d'une étonnante
noirceur. Il est choquant de voir un individu se ruer dans un abîme hideux
sans regarder plus loin qu'aujourd'hui.

        504. Où chercher, dans l'existence terrestre, des étincelles de
fraternité ? Parmi les simples travailleurs qui en sont venus à aimer leur
travail. Labeur, amour et fraternité partagent la même demeure.

        505. Le type d'union appelé partenariat, fondé sur la confiance,
requiert un statut très succinct, mais la Fraternité ne peut avoir de code
écrit. Elle ne se maintient pas par un ensemble d'obligations dûment
stipulées. Le mot même de "limitation" n'a pas sa place dans l'immensité
de la Fraternité.
Que celui qui ressent la Fraternité comme un joug se hâte de la quitter.
Que celui qui s'incline servilement devant les Portails de la Fraternité s'en
retourne vite sur ses pas. Pouvoir se réjouir de la Fraternité sera certes une
joie empreinte de sagesse.

        506. La joie empreinte de sagesse se manifestera aussi lors des
rencontres prédestinées. Les hommes en perçoivent rarement les racines
profondes. De vifs souvenirs étincellent comme des flashs et produisent
parfois une confusion désagréable, comme s'ils étaient incompatibles avec
notre univers quotidien D'où l'importance d'analyser avec soin son ressenti.
En plus de la première impression, peuvent exister divers souvenirs. Des
êtres de valeur peuvent ne pas toujours apparaître sous leur meilleur
aspect. Je mentionne cela pour que vous évitiez de porter un jugement trop
hâtif. Vous l'avez déjà constaté, fort souvent des amis peuvent prendre un
aspect fortuit pour un trait de caractère essentiel.

        507. Parfois apparaissent nettement en rêve des visages d'inconnus
que l'on rencontrera par la suite dans la vie. De nombreuses explications
s'appliquent à ce type de prévision mais, tout d'abord, il est clair que
l'homme possède une seconde vue qui lui permet de percevoir à l'avance
ce qu'il verra plus tard sur le plan physique. Certes, ces rencontres sont un
témoignage du Monde Subtil et de l'activité que l'on y mène durant le
sommeil. Mais ces déductions ne viennent pas à l'esprit de ceux qui
explorent le domaine des rêves. Il est à noter tout particulièrement que ces
rencontres prémonitoires se révèlent souvent sans importance au plan
physique. Ce fait prouve que les actions dans le Monde Subtil opèrent
différemment de celles dans le monde physique. Il est réjouissant de
pouvoir ainsi constater, par des exemples concrets, le caractère hétérogène
de la vie humaine.

        508. Les courants spatiaux, eux non plus, n'ont rien d'abstrait. Ils
influent non seulement sur la condition humaine, mais aussi sur les ondes
radio. Même dans l'aviation, s'observent certains phénomènes étranges qui
seraient inexplicables sans eux. Notons donc tout indice des énergies
subtiles.
Sur le chemin de la Fraternité, il faut avoir l'œil ouvert et libre.
Lorsque, pour quelque raison, une réponse distante n'arrive pas, pensez
toujours à de nombreux facteurs. En plus des raisons liées aux
communicants eux-mêmes, peuvent exister d'importantes causes d'origine
spatiale. Les courants peuvent s'intensifier au point qu'il faut attendre pour
effectuer la transmission.

        509. En Orient, les gens situent Shambhala au Nord, qui se
manifesterait comme une aurore boréale. Il existe aussi une légende selon
laquelle un drapeau serait planté au point précis du Pôle Nord. Ainsi
s'accomplissent les traditions et l'on peut déjà entrevoir, dans un lointain
avenir, le moment où le déplacement de l'axe terrestre découvrira de
nouvelles terres, aujourd'hui cachées. J'ai déjà parlé de la découverte des
toundras. J'approuve ceux qui regardent vers l'avenir.

        510. Jadis, on avait du sens de la vie une compréhension plus
profonde qu'aujourd'hui. Les découvertes remarquables de notre époque,
loin d'avoir concentré l'attention sur cette question, l'en ont au contraire
détourné, et elles l'ont souvent conduite dans le règne du mécanique.
Efforcez-vous de diriger la pensée sur la base même de l'existence. Il serait
intéressant de comparer le niveau général de la recherche scientifique
actuelle à celui des philosophes de l'antiquité. Ils connaissaient maintes
découvertes scientifiques et savaient souvent présenter de très profondes
formules de vie. Il est essentiel qu'à nouveau l'art de penser s'élève audessus
des conditions extérieures, qui sont des facteurs secondaires de
l'existence.

        511. L'homme connaît-il la portée de ses actions ? Peut-il déterminer
si du bien ou du mal naîtra de ses actes, tant que sa pensée demeure
prisonnière de ses entraves terrestres ? En vérité, l'homme ne connaît pas
la portée de sa création. Seule, la pensée sur l'Existence Sur-terrestre [ce
qui dépasse le terrestre, tout en étant aussi sur terre], infinie, libérera la
conscience de sa prison ; mais la compréhension humaine relie
difficilement le terrestre et le Sur-terrestre [ce qui dépasse le terrestre, tout
en étant aussi sur terre].
Qui reste indifférent à la détresse causée par d'illusoires
contradictions ? Qui acceptera le fait que les difficultés grandissent avec
l'ascension ? Qui reconnaîtra, dans un soupir, que l'approche du Beau est
difficile ? Certes, l'illumination peut être instantanée, ce qui ne veut pas
dire que la progression en sera aisée. D'un point de vue terrestre habituel,
l'homme en approchant de la connaissance facilite déjà son chemin ; mais
ceci devrait être clairement défini. La connaissance révèle les sentiers, il
serait cependant pusillanime de croire qu'elle les aplanit. Toute joie crée
une nouvelle responsabilité, ainsi croît la complexité des perceptions.
En parlant du Monde Subtil, les hommes se réjouissent que la pensée
en est la seule force motrice. C'est juste et facile à dire ; mais est-il facile
d'agir par la pensée ? Aimons le processus de la pensée et trouvons, au sein
de toute activité, le temps de la cultiver. Distinguez aussi celle conçue par
l'égoïsme et celle centrée sur le Bien Commun.

        512. La transmission consciente de pensée à distance en est encore à
un stade embryonnaire. Tout effort fait pour la développer est le bienvenu,
mais il n'aura guère d'impact sur le grand public. Il faudrait donc,
parallèlement aux expériences, organiser sur une large échelle des
conférences sur l'énergie mentale. La Fraternité est avant tout une École de
Pensée.

        513. La conscience humaine est le point de rencontre de tous les
mondes. Ils convergent dans les ondes d'harmonie, les visions, les
impressions. Un trésor a été confié à l'homme. L'a-t-il bien gardé ? L'hôte
cosmique peut bientôt frapper à la porte. Malheur à qui ne le recevra pas.
Les hommes croient abstraite cette demande de l'hôte lointain ; mais le
médecin ne connaît-il pas ces troubles de l'organisme aux causes
indéfinissables ? La vulgarité de langage traduit une maladie de l'âme. Il
existe maintes maladies de ce genre !

        514. Il existait jadis une méthode de traitement par émanations
naturelles. Au lieu d'absorber une prescription, le malade était entouré de
minéraux et de plantes appropriées. Un tel traitement présuppose
l'existence d'une réceptivité subtile. Si les hommes portent des bagues
magnétiques et se font des applications locales de feuilles, la substance
environnante est également utile. Ne supposez pas que le contact des
métaux et la proximité de certaines plantes n'agissent pas sur l'homme. Ils
les considèrent comme une forme d'idiosyncrasie, mais les propriétés des
minéraux et des plantes sont indiscutables. Une simple inhalation d'alcool
peut suffire à intoxiquer et la proximité de certaines plantes à donner de la
fièvre. Partout s'observe une réaction aux émanations. Il faudrait étudier ce
domaine des interactions entre l'homme et son milieu.

        515. Dans la haute antiquité, non seulement on connaissait la
lévitation, mais cette connaissance était rationnelle. Cependant au Moyen-
Age, l'ignorance était telle que l'idée même d'appareil volant était tenue
pour de la sorcellerie. Aujourd'hui, l'on accepte l'aviation comme quelque
chose de naturel avec un regard de pitié sur tant d'ignorance. Mais était-ce
le cas pour les grands-pères de la génération actuelle ? [écrit en 1937]
Je mentionne cela parce que nombre d'accomplissements connaissent
le sort de l'aviation au Moyen-Age. Bientôt, les auras seront
photographiées, les pensées mesurées, des appareils détermineront les
émanations ; mais à présent, seuls quelques-uns admettent ces possibilités.
Il n'y a pas si longtemps encore, la télévision était considérée comme un
conte à dormir debout, les hommes la croyaient inaccessible et l'ont
rapidement acceptée comme élément de confort. On peut supposer que
mesurer la pensée et déterminer les émanations ne plairont pas à ceux qui
ont l'habitude de cacher jusqu'à leur âge.
Réfléchissons donc à ces heureuses perspectives qui prendront corps
avec l'acceptation du concept de Fraternité.

        516. Les médecins de l'antiquité déterminaient la qualité des
émanations en appliquant des plantes et des métaux. Ils se servaient aussi
de certaines races de chiens très sensibles aux émanations humaines.
Bientôt, on enregistrera leur rythme et leur qualité sur un écran à l'aide
d'appareils très simples, tels qu'un appareil électrique.

        517. Il est impensable de ne pas ressentir la tension des courants
cosmiques qui absorbent l'énergie psychique. Une certaine somnolence,
une forme d'absence, ou une irritation involontaire peuvent apparaître : il
est instructif d'observer ces signes qui accompagnent l'absorption
d'énergies. Les hommes ont tendance à attribuer ces phénomènes à leur
propre indisposition, mais n'oublions pas les causes externes.

        518. Celui qui veut abîmer un instrument à cordes frappe celles-ci
avec malveillance pour les rompre et rendre l'instrument inutilisable. Ne se
produit-il pas le même phénomène lorsqu'une force hostile fait intrusion
pour briser le rythme du labeur ? Seuls, les vrais travailleurs connaissent la
signification du rythme ; ils savent aussi à quel point il est difficile à
instaurer. Le violer équivaut parfois au meurtre ou à l'empoisonnement. La
main de l'ennemi s'étend pour détruire le rythme, l'un des plus sublimes
accomplissements de l'homme.
L'ignorant objectera qu'il est facile de remplacer les cordes mais le
musicien choisit avec soin même les cordes les plus ordinaires. La
structure du rythme du travail est bien plus subtile, et sa destruction
irrémédiable. La Fraternité veille particulièrement à préserver le labeur
dans son meilleur rythme. Les membres des communautés devraient
apprendre à protéger mutuellement leurs travaux respectifs ; ce sera la plus
haute marque de respect réciproque.

        519. Ne croyez pas que beaucoup de gens comprennent la belle
harmonie du travail. De plus, peu saisissent la distinction entre travail en
commun et travail individuel ; pour la plupart, ces deux termes s'opposent,
alors qu'il s'agit de l'évolution. Les hommes ne doivent pas perdre leur
individualité ; pourtant, dans un chœur, chaque voix contribue au succès
commun – avec cette prise de conscience, gardez à l'esprit les principes de
base de la Fraternité.

        520. En toutes choses, de par le monde entier, recherchez la Fraternité.
Il est vain de penser que les concepts supérieurs n'illuminent que dans les
cas exceptionnels.

        521. Il est significatif que l'effort physique crée une clarté d'esprit
particulière. La même chose se produit avec la réaction au chaud ou au
froid. N'est-ce pas la preuve que la pensée est énergie ? L'affirmation de la
pensée et la mesure de l'énergie donneront lieu à maintes découvertes.
L'unification de la pensée s'accompagne de nombreux phénomènes
spécifiques. Vous avez lu des observations où des manifestations se sont
vues amplifiées par le nombre de personnes présentes. Comme il est peu
probable que toutes pensaient à l'unisson, cela montre que l'énergie
mentale a agi en tant que telle. Le courant énergétique a aidé la
participation des forces du Monde Subtil. Lors de chaque réunion peut se
noter une condensation spéciale d'aides venus du Monde Subtil. Espérons
que, par leurs pensées, les hommes attireront des assistants bénéfiques.
Dans sa pensée unifiée, la Fraternité crée un puissant courant de Bien.

        522. Un jour, quelqu'un trouva une source d'eau médicinale. Il en
emporta dans un récipient mais, dans sa joie, la répandit en route. L'effort
ne suffit pas pour penser ; sinon, les lutteurs professionnels deviendraient
tous des penseurs accomplis. Faire preuve de comesure est utile, en toute
chose.

        523. Penser à aider est particulièrement utile Celui qui est dans le
besoin et traverse des circonstances difficiles pense à aider les autres. Une
telle abnégation constitue une grande pierre de touche.

        524. A diverses époques sont apparus des thèmes et des symboles qui
ne pouvaient être considérés comme des créations individuelles. Ils sont
devenus des emblèmes de l'époque tout entière. L'Atlantide est
particulièrement mentionnée ces temps-ci. D'une manière totalement
indépendante, en diverses parties du monde, des cataclysmes oubliés
resurgissent à la mémoire. Ne considérons pas ces réminiscences comme
des menaces, Nous ne procédons jamais ainsi. Nous pouvons rappeler et
avertir, mais aucun de Nous ne fera usage de cette force noire qu'est la
suggestion par la terreur. Le libre arbitre reste la qualité distinctive de
l'homme ; il est d'autant plus regrettable que cette merveilleuse énergie
pousse les insensés dans l'abîme. On peut prendre des mesures, mettre en
garde, mais il est inadmissible d'enfreindre la loi du libre arbitre. L'histoire
de l'Atlantide montre qu'un grand nombre d'avertissements furent
prodigués, mais les insensés n'écoutèrent pas. A d'autres époques, d'autres
rappels sont perçus.

        525. Les Atlantes avaient maîtrisé l'aviation ; ils savaient croiser les
plantes, utiliser de puissantes énergies, connaissaient les secrets des
métaux, excellaient dans la fabrication d'armes mortelles. Ces réalisations
ne vous rappellent-elles rien ?

        526. Le rapprochement [en français dans le texte] des mondes se fera
sous le signe de la science. Ayez conscience que de nombreux détails du
grand processus semblent déconnectés et inattendus. Certes, cette
apparente incohérence ne semble telle qu'à l'œil humain. Que les
scientifiques de diverses disciplines mènent leurs observations à bien, elles
n'ont manifestement jamais été aussi nombreuses qu'aujourd'hui. Qu'ils
décident provisoirement de les accepter comme utiles, l'essentiel est que
ces observations soient enregistrées dans les annales de la science. Ces
fragments seront finalement réunis en un seul système. Ainsi, à partir de
faits disparates, peuvent s'établir de vastes domaines, sujets aux
investigations scientifiques.

        527. Le cours de la pensée est parfois soumis aux influences et aux
intrusions les plus inattendues. Un penseur honnête ne peut cacher le fait
que des influences extérieures perturbent parfois sa discipline mentale.
D'ailleurs, cet impact est si fort qu'il modifie radicalement la direction
première de la pensée. Lorsque cela se produit, ne cherchons pas à savoir
pourquoi. Ce fait peut provenir de la pensée qui, par son intensité même, a
attiré d'autres compléments similaires, ou bien de l'interférence de courants
particuliers. Le principal est de noter l'influence d'une énergie extérieure.
C'est un genre d'observations courant dans la Fraternité.

        528. Tous les efforts doivent être faits pour obtenir la collaboration de
la science.

        529. L'habitude est une seconde nature – ce sage proverbe exprime
l'emprise des habitudes sur l'homme. Précisément, elles l'immobilisent et
lui ôtent toute réceptivité. On peut en supprimer, mais il n'est pas facile de
les éradiquer. Des gens se vantent d'avoir surmonté leurs habitudes, ils
sont monnaie courante. Mais observez la routine quotidienne de ces
vainqueurs et vous verrez qu'en fait, ils en sont encore esclaves. Ils s'y sont
tellement accoutumés qu'ils n'en perçoivent plus le joug. Tragique
aveuglement : l'homme est persuadé d'être libre alors qu'il s'enferre dans
les chaînes de l'habitude. Il est très difficile de soigner celui qui nie sa
maladie. Chacun peut nommer des incurables parmi ses connaissances.
Pour assimiler le concept de Fraternité, la maîtrise des habitudes existantes
est indispensable Par habitudes, nous entendons non celles au service du
bien mais celles, mesquines, de l'égoïsme.
Nous avons coutume de tester ceux qui approchent la Fraternité sur
leur libération des habitudes. Ces tests doivent être inattendus et, de
préférence, porter d'abord sur les petites habitudes. Comme des tavelures
chéries, ils les considèrent comme des traits naturels. Mais les nouveauxnés
n'ont pas d'habitude. L'atavisme, la famille et l'école leur donnent ces
excroissances que sont les habitudes. Quoi qu'il en soit, toute routine est
une ennemie de l'évolution.

        530. Prendre conscience des vraies valeurs conduit automatiquement à
réaliser le côté dérisoire des habitudes. Le meilleur moyen de s'en libérer
est de comparer le grand et l'insignifiant. Ne croyez pas qu'il faille éviter
de parler de choses banales, sur la route de la Fraternité. Il est simplement
regrettable que l'homme ne comprenne pas les fondements de la
coopération et de la communauté. Les petites habitudes égoïstes sont les
pires ennemies de la coopération. Est-il possible de penser à la Fraternité
sans réaliser la coopération ?

        531. Les mondes étant à l'épreuve, toutes leurs particules le sont aussi.
Sans doute, cette hypothèse en effraiera plus d'un, c'est prévisible. Seule la
pensée sans préjugé peut continuer à recueillir la loi d'évolution. Par
l'expansion de conscience, on en vient à aimer cet incessant mouvement ;
vaudrait-il mieux rester dans la prison inchangée des erreurs et des
illusions ? Au contraire, percevoir l'épreuve permanente rend bien plus
joyeux ; cela engendre le sens de la responsabilité. La responsabilité sera
la base de la croissance dans toute coopération sur le chemin de la
Fraternité.

        532. L'évolution, loi magnifique du mouvement, doit se comprendre
en relation avec les centres de l'organisme humain. Celui-ci se règle tour à
tour sur différents centres, comme les changements de clé dans une
symphonie. Le passage de l'un à l'autre ne veut pas dire que le centre
abandonné s'éteint ; il indique, au contraire, le développement de la
potentialité suivante.
Faites attention à la formule "pensée-cœur". Elle ne sera pas comprise
tout de suite, ne forçons la pensée de personne ; pourtant certains
dirigeront leur attention dans cette direction, elle mène à la Fraternité.

        533. La capacité de ne pas contraindre la volonté d'autrui constitue
l'un des tests les plus difficiles. La contrainte ne produit rien de bon,
pourtant l'on doit guider et protéger sur les sentiers périlleux Guider
demande une grande expérience et beaucoup de sollicitude.

        534. Ne pas réaliser l'Infini conduit à de nombreuses erreurs. Ainsi, les
hommes ont mis la Terre au centre du monde ou essayé de mesurer les
dimensions et de déterminer les limites de l'Univers manifesté C'est
oublier simplement que le manifesté évolue continuellement. Il n'existe
aucun moment statique. Mais les hommes sont si imprégnés des mesures
terrestres qu'ils tentent de soumettre l'immensurable à celles-ci. Ne nous
opposons à aucune quête. Nous nous sommes réjouis des petits vols
stratosphériques. Il n'en faudrait pas moins se garder de conclusions
incongrues, comme de faire de la Terre le centre de l'Univers. Ce genre de
suffisance n'est pas digne d'un scientifique éclairé. Peut-être considère-t-il
chaque point de l'infini comme un centre éventuel ; il est plus probable
que, simplement, il ne réalise pas l'Infini.

        535. Nul doute que cette mention d'un processus évolutif continu et
universel soulèvera les sarcasmes d'un grand nombre. Pourtant ce
processus de perfectionnement est indéniable d'un point de vue
scientifique et admis par eux tous. Seul l'ignorant peut tenter de tout retenir
dans un état immobile ; il agit ainsi par ignorance du passé et incapacité de
penser l'avenir. Des milliers d'hypothèses peuvent être avancées, pourvu
qu'elles soient en mouvement, qu'elles portent sur le mouvement et qu'elles
partent du mouvement.
La Fraternité teste d'abord ceux qui approchent sur leur réalisation du
mouvement et de l'Infini.

        536. Il est inadmissible d'imiter ces sombres inquisiteurs qui tentèrent
par tous les moyens d'enfermer l'univers dans la prison de l'immobilisme.

        537. Parmi les aphorismes que nous a laissés le Monde Classique, se
trouvent des indications sur les fondements profonds de l'être Il a été dit
avec raison : "Le sommeil ressemble à la mort" En termes concis,
s'expliquait l'appartenance de ces deux états au Monde Subtil. Aujourd'hui,
ce sens est oublié et l'idée de l'immobilité du corps a été mise au premier
plan de cette conception. Cependant, les proverbes de l'antiquité sont
enseignés, jusque dans les écoles primaires. Il faudrait, à ce moment,
indiquer le sens des mots et implanter ainsi maints justes concepts.
Affirmer la vérité en termes simples a la même valeur qu'une table
d'alliance indélébile. De plus, pourquoi se cantonner à l'antiquité dite
classique ? Les expressions les plus aiguisées et inventives peuvent se
découvrir en des temps plus anciens, pourvu que l'on connaisse le sens des
langues anciennes.

        538. Il est juste de recommander la médecine ayurvédique.
Comprenez que tant de millénaires ont laissé de vastes dépôts d'expérience
et de sagesse. Mais, à la manière des ignorants, ne traçons pas de
séparation mortelle entre homéopathie et allopathie. N'oublions pas tout le
savoir accumulé de la Chine et du Tibet. Chaque nation a dû faire face à de
graves dangers et découvrir des moyens spécifiques d'y parer. Le médecin
qui aura su cueillir les meilleures fleurs surmontera, lui aussi, l'adversité.

        539. La Fraternité a parfois été appelée une Communauté salutaire.
Cette définition a une double signification. De fait, elle se préoccupe
d'abord des principes de santé, qu'elle établit parmi ses membres. Toute
fraternité en tant qu'unité véritable, sera une source de santé. Notez
comment un mode de vie en commun, si l'harmonie se réalise, fortifie
mutuellement l'état de leur organisme. La science devrait étudier ce
principe de renforcement mutuel. Il est particulièrement instructif
d'observer que, même au sens physique, l'assistance mutuelle a une grande
importance. S'il y a des vampires insatiables, il y a aussi des bienfaiteurs
inépuisables.
Une fraternité de Bienfaiteurs est une Forteresse invincible.

        540. La foi et la confiance peuvent-elles remplacer la force nerveuse
et musculaire ? La vie elle-même confirme cette vérité mais quelle foi et
quelle confiance ! L'homme ne peut soutenir que la foi a des limites.
L'amour n'a pas de limites, la foi non plus. Nul n'osera prétendre que sa foi
ne peut se manifester davantage. Beaucoup s'indigneront de s'entendre dire
qu'ils manquent de foi, mais le temps viendra où ils comprendront qu'ils
auraient pu décupler leur énergie.
La Fraternité est une Ecole de Confiance.

        541. Certains appelleront la Fraternité une coopérative exaltée. Ne
nous opposons pas à cette définition, l'essentiel est que ce concept entre
dans la vie, et la coopération est déjà proche de la compréhension des
masses. Toute élévation de la coopération sera un pas vers la Fraternité.
Que les hommes examinent donc soigneusement quels sont, parmi leurs
traits de caractère, ceux qui contribuent le plus à fortifier la coopération.
Ce sont ces qualités précisément, dont ils ont besoin sur la route de la
Fraternité. Ne refusons pas de participer à la vie en commun, si elle
respecte l'individualité. Toute coopérative doit aussi protéger
l'individualité, ce n'est qu'à cette condition que la coopération sera
multiforme et fructueuse.
Chacun peut s'élever de la Terre à la compréhension du beau concept
de Fraternité.

        542. Nous appelons au calme tout en parlant sans cesse de bataille
Comprenez cette lutte comme une accumulation de force par le travail.
Impossible d'intensifier l'énergie sans labeur, et tout labeur est un combat
contre le chaos. En ce sens, la bataille conférera donc le calme.
Il n'est pas de contradiction qui ne soit compréhensible.

        543. Comprenons également à quel point il est essentiel d'éliminer
l'injustice. Pour cela, fortifions-nous d'abord en prenant la ferme résolution
de ne pas l'accepter. De la fermeté de la décision naîtra de nouvelles
forces. Il n'est pas facile de se protéger de l'injustice ; elle peut se glisser
dans les moindres détails de la vie quotidienne. Il n'y a pas d'injustice
négligeable : chacune d'elles viole le fondement même de l'évolution.
Sur le chemin de la Fraternité, préservons donc la justice.

        544. De toute coopérative, rejetez le ver corrosif du mécontentement.
Certains l'appellent perfectionnisme, d'autres doutent... On peut nommer
maints stratagèmes ; ils dissimulent tous ce sentiment insupportable. Les
hommes ne cherchent pas à connaître l'origine de ce ver. Vu le nombre
atterrant des entreprises que détruit le mécontentement, ce serait pourtant
nécessaire.

        545. Les hommes sont attirés vers la Fraternité émotionnellement,
physiquement mais, avant tout, spirituellement. Ce n'est que dans l'esprit,
dans le cœur, que se trouve le vrai sentier.

        546. Certaines méthodes employées pour la transmission de pensée ne
sont pas sans fondements. Dans deux pièces de couleur identique, de
préférence verte, une note est émise et un parfum est diffusé dans ces
pièces. Ces détails ont indéniablement leur importance, mais ils sont
secondaires. Le pouvoir de la pensée dépend du calme et de l'effort du
cœur. Il faut toujours s'en souvenir, car les gens situent trop souvent la
volonté dans le cerveau. Une telle émission cérébrale court alors le risque
d'être interrompue dans l'espace par un courant plus puissant. En général,
l'exercice de la volonté et les envois de pensée nécessitent la réceptivité la
plus fine.
Isoler une pensée claire, sans flou accidentel, constituera en soi une
haute discipline. Dans la Fraternité, on veille à purifier la pensée. En
parlant de Fraternité, il est inévitable d'évoquer la transmission mentale. Le
travail de la pensée portera sur des tâches de difficulté croissante ; et la
discipline du cœur sera une condition indispensable du succès. Chaque
cœur est environné d'anxiété, d'agitations et de frémissements. Ceux-ci
peuvent se surmonter en s'adressant à la Hiérarchie, non pas à moitié, mais
de tout cœur ; un appel de ce genre est rare. Pourtant, un effort
inébranlable est nécessaire pour les plus simples expériences. D'ordinaire,
un essaim d'insectes minuscules et malveillants tentent de violer la pureté
mentale. Tous ces soucis mesquins doivent s'effacer devant l'unité
fraternelle.

        547. Vous vous apercevez des opinions préconçues, formées par des
gens que l'on suppose savants. Il est regrettable qu'une pensée disciplinée
se laisse ainsi entraîner par le préjugé. Il est malhonnête de lire un livre en
l'ayant condamné d'avance. Si un tel lecteur n'a pas éprouvé
personnellement de nombreux faits indicatifs, il devra alors se montrer
d'autant plus prudent dans ses jugements. Nous donnons la première place
à la réalité, aux faits et aux manifestations indiscutables.

        548. Bénie est la véritable coopération, il s'y trouve de l'espace. De
même que l'Infini scintille sans cesse dans chaque étincelle d'une décharge
électrique, le labeur en commun engendre des effets illimités. Donc ne la
considérons pas comme vaine et dérisoire ; l'homme ne devrait condamner
aucune étincelle spatiale. Révérons le fait de l'espace comme Sur-terrestre
[ce qui dépasse le terrestre, tout en étant aussi sur terre]. Ainsi le labeur est
une fournaise d'étincelles Sur-terrestres.
Belle est la coopération, mais encore plus resplendissante est la
Fraternité.

        549. J'affirme le concept de fraternité ; il nous rappelle qu'elle sera
toujours le rêve de l'humanité. Tant de hauts faits sont affirmés par sa
simple évocation ! La seule pensée de son existence emplit l'homme de
courage. Il faut rassembler tout son courage pour résister aux assauts des
ténèbres. Qu'est-ce qui soutiendra ce courage surhumain ? La Fraternité,
précisément, accorde cette force invincible.

        550. Voulez-vous glorifier le travail ? Montrez alors ce dont vous êtes
capables. Ne critiquez pas celui qui est chaque jour à la tâche. Ne vous
affaiblissez pas par un effort disproportionné ; la force n'a rien à voir avec
la contraction musculaire. Révélez ainsi dans quelle mesure le labeur vous
est devenu une nécessité vitale. C'est seulement alors que votre éloge du
labeur sera digne de la Fraternité.

        551. Voulez-vous affirmer l'unité ? Prouvez alors à quel point vous
vous y consacrez. Montrez alors par vos actes que vous accomplissez un
service. Dans l'antiquité, on envoyait les disciples dans des contrées
lointaines pour prouver leur capacité à ne pas dissiper, lors des diverses
conditions du voyage, ce qu'ils avaient accumulé. Une conscience instable
faiblit à chaque miroitement fortuit. Est-il possible d'affirmer l'unité et le
dévouement si chaque tournant de la route peut nous couper des
fondements de l'être ?
Ne soyez pas surpris si tant d'épreuves surgissent à l'approche de la
Fraternité.

        552. Voulez-vous être courageux ? Prouvez votre courage en vous
battant pour la Fraternité. Des déclarations ne suffisent pas à le créer, pas
plus que des louanges n'affirment l'accomplissement. Aucune préparation
ne saurait garantir le succès. Le courage se mesure face aux obstacles
imprévus. J'ai déjà parlé du courage. Si Je recommence, c'est que cette
qualité est particulièrement nécessaire sur le chemin de la Fraternité.

        553. Voulez-vous être guérisseur ? Tout d'abord, demandez-vous si
vous avez assez de force pour la déverser et aider votre prochain. Posezvous
notamment la question "puis-je donner sans regret ?". Vérifiez que
votre force peut guérir sans l'aide de médicaments. Nous ne pensons pas
aux efforts de volonté ou à la suggestion, car l'énergie primordiale suffit
par elle-même. Il faut se poser ces questions sur le chemin de la Fraternité.

        554. Voulez-vous montrer votre meilleure qualité ? Posez-vous la
question. N'attendez pas que l'occasion se présente, car chaque instant
fournit l'opportunité de faire preuve de toute qualité ; il suffit de vouloir la
déployer. Cette disponibilité sera le meilleur ornement sur le chemin de la
Fraternité.

        555. Ne nous demandons pas que faire, entre deux tâches. N'oublions
pas que chaque parcelle de temps peut servir à la communion supérieure.
Que le fil du cœur puisse être en constante communion avec le Plus Aimé
est une grande joie. J'affirme que la voix de l'amour n'a nul besoin de
temps. Tels les fleurs variées parsemées dans un pré, les appels du cœur
rayonnent dans le champ du labeur ; ils indiquent l'approche de la
Fraternité.

        556. La communion, comme le parfum, porte loin. Si elle est belle, sa
vaste diffusion est une bénédiction. Imprégnons l'espace des meilleures
pensées ; nombre d'entre elles se joindront à des rayonnements
harmonieux. Même si tous ne peuvent absorber la pleine expression des
pensées, la substance bénéfique qu'elles produisent aura un effet curatif.
Offrons notre gratitude aux Emetteurs inconnus qui imprègnent l'espace
d'une substance bénéfique. Les pensées formées en sublime communion
sont comme des sources dans le désert. Elles indiquent la direction de la
Fraternité.

        557. Celui qui adhère à la Fraternité sait parfaitement où commence
l'Ineffable. N'essayez pas de le faire sortir de son silence quand il a atteint
les limites du possible. Ne le chargez pas de questions dont la réponse
causerait du tort. Seule l'ignorance peut se croire capable d'assimiler toutes
les réponses. Certaines sont pourtant si incompréhensibles que la
consonance des mots étranges semble transmettre un sens erroné, comme
si elles étaient formulées en une langue inconnue. Une grande prudence est
requise lors du contact avec les concepts supérieurs ; parmi ceux-ci se
trouve celui de Fraternité.

        558. En vérité, ne nous étonnons pas quand, en réponse à un besoin
urgent, l'énergie psychique se porte involontairement au loin. Acceptons
cela comme un état inévitable et aidons l'énergie à répondre au mieux à
son attraction magnétique ; qu'elle travaille utilement.

        559. Tout au long de l'histoire mondiale, se perçoivent des vagues
d'intérêt pour les forces intérieures de l'homme. Ces vagues sont toujours
liées à des tournants de l'évolution. En tout cas, une attention croissante à
l'essence de la nature humaine a toujours indiqué une période
particulièrement significative. Si, aujourd'hui, les efforts pour connaître les
forces humaines sont particulièrement marqués, cette aspiration
correspond à des conditions cosmiques.

        560. Sur chaque ouvrage artisanal, se stratifient des particules de
substance humaine. L'état de santé du fabricant se dépose sur les objets et
son effort spirituel y demeure indissolublement pour des âges On peut
neutraliser les effets du poison ou des traces d'infection, mais non éjecter
les stratifications d'émanations. D'où l'importance de créer des objets avec
bonne volonté. Pour beaucoup, ces propos auront l'allure de contes de
fées ; il n'est pourtant pas rare de répartir les choses en bonnes et
mauvaises, exactement comme les personnes.
La vie est en toutes choses, c'est ce qu'enseigne la Fraternité.

        561. Certains demanderont : les soi-disant "cadavres vivants" peuventils
errer longtemps sur Terre. Oui, pendant de longues périodes ; cela
dépend de leur attraction animale envers le monde physique. L'énergie
psychique les quittera, leurs radiations deviendront négligeables, et un
simple appareil suffira pour montrer les signes du décès. Ces cadavres
ambulants tombent facilement sous une influence étrangère. Ils répètent à
vide les paroles de leurs jours passés, sans convaincre personne. En vain
les médecins leur examineront-ils l'aorte, à la recherche de problèmes
vasculaires. Certains animaux sentent parfois ces cadavres. Ils restent
souvent à la tête de grandes entreprises, y imprégnant tout de leur présence
mortifère. Ces morts ambulants s'agrippent à la vie, faute de comprendre le
changement d'état. Ils ont peur de la mort.

        562. Certains demanderont à quoi reconnaître celui qui a acquis une
grande connaissance. Plus elle est grande, plus il est difficile d'en discerner
le porteur. Il sait préserver l'Ineffable. Il ne sera pas tenté par les humeurs
terrestres. Le chemin vers la Fraternité peut lui être confié.

        563. Ceux qui ont des yeux pour voir verront amplement. Ceux qui
ont des oreilles pour entendre entendront amplement et sauront recevoir les
messagers inattendus – absolument inattendus, et pourtant espérés.

        564. La Fraternité ne connaît pas de repos. Que le repos ne soit
agréable que sur les sentiers physiques.

        565. La Larme d'Argent – ainsi appelons-Nous le degré sublime où
l'on est prêt à affronter les épreuves. Le deuxième terme de cette
expression rappelle le fil d'argent, l'autre le calice de la patience. Gardez
constamment à l'esprit que le concept du Sur-terrestre [ce qui dépasse le
terrestre, tout en étant aussi sur terre] vit côte à côte du terrestre. Il est très
difficile de maintenir cette perception car, à l'heure de l'épreuve, même les
consciences de qualité ont tendance à penser le long d'une seule ligne. Ne
nous consolons pas à l'idée que le fil d'argent est solide ; prenons-en soin
plutôt, comme s'il était fragile. N'oublions pas, de plus, que le calice de la
patience s'emplit jusqu'au bord facilement, même pour les menus détails de
la vie quotidienne. Rien de plus facile que de juger de la situation d'autrui.
Testons nous-mêmes notre équilibre. Toute victoire de ce genre sera un
authentique pas en avant. La vie nous fournit plus d'une occasion d'en
remporter. Gardez en mémoire chacun de ces combats, ils donnent lieu à
des processus de pensée instructifs. Le symbole de la larme versée dans le
calice de la patience n'est pas fortuit. Il est difficile de ne pas ressentir
d'indignation lorsque l'on est témoin d'une destruction absurde. Une
plainte, éveillée par les brutalités des gens, parcourt fréquemment le fil
d'argent. L'Instructeur enverra souvent un rayon de lumière pour éclairer
au loin. Seul, le télescope de l'esprit peut amener à modifier le jugement.
Les semailles de l'Armageddon germent ; c'est là que se trouve la
cause des causes.

        566. Les causes de folie sont multiples. Ne dégageons pas notre
responsabilité sous prétexte qu'ils souffrent d'obsession ; pensons aussi à la
laideur des excès. N'oublions pas, non plus, que des ruptures de conscience
peuvent provenir d'un désir d'échapper au karma. L'homme, sentant
l'approche d'une échéance inéluctable, tend sa volonté au point de
provoquer en lui un obscurcissement de conscience. De plus surviennent
aussi des maladies cérébrales. Réduire la folie relève d'abord de la
médecine. Et là encore, l'idée de coopération constituera une aide salutaire.
La véritable évolution délivrera l'humanité de la folie.

        567. On connaît des monastères vieux de plusieurs millénaires, des
maisons d'affaires qui fonctionnent depuis des siècles. On accepte sans
peine les informations sur les institutions les plus diverses, mais on
exprime toute sorte de doute à l'égard de la Fraternité. Les hommes lui
dénient spécialement toute possibilité d'existence. Nombreuses sont les
raisons pour lesquelles le concept du Plus Beau est si redouté. L'un a-t-il
peur que la Fraternité révèle ses intentions ? Ou qu'elle l'oblige à penser au
bien de ses semblables ? L'égoïsme dispose de toute une panoplie d'armes
contre la Fraternité qui aime la paix. Le plus simple est de lui refuser toute
possibilité d'existence. Des exemples historiques, confortés par des
biographies, semblent au contraire l'attester à différentes époques.
Il n'est pire sourd que celui qui ne veut entendre.

        568. Tout homme porte une mission particulière, a-t-il été dit. De fait,
prendre un corps terrestre, c'est être messager. N'est-ce pas merveilleux ?
Peu importe si la plupart n'ont aucune idée de leur destination ; cet oubli
est dû à l'absence de conscience des trois mondes. La transformation de
celui qui reconnaît l'utilité de son parcours terrestre s'imagine aisément. La
Fraternité promeut cette prise de conscience.

        569. Puisque chacun accomplit sa propre mission, personne ne peut
être laissé sans secours, et c'est ainsi. Mais l'on imagine la détresse et le
chagrin du Guide lorsqu'il voit combien de Ses conseils sont rejetés ! A
chaque croisée des chemins, s'observe le conflit entre la sagesse du Guide
et l'insouciance du voyageur. Précisément, le libre arbitre s'exerce dans les
moindres actions, et le guide ne peut que s'incliner devant cette loi
immuable. Mais la Fraternité ne connaît pas ce genre de conflit
destructeur, car tout y est fondé sur le respect mutuel.
La liberté est l'ornement de la sagesse, mais la frivolité dessine les
cornes de l'ignorance.

        570. Le libre arbitre est un don solennel remis au voyageur. Avant
d'atteindre les lointains sentiers, il est essentiel de lui remettre ce don
précieux. Chacun peut agir selon ses capacités, il n'aura nulle contrainte.
Mais le sage mesurera sa responsabilité à utiliser ce trésor du libre arbitre.
C'est comme si une bourse pleine d'or lui était confiée : il peut la dépenser
à sa guise, mais il devra en rendre compte. Et la Fraternité apprend à ne
pas y puiser sans en faire bon usage.

        571. Ne pas faire souffrir – telle est l'Alliance que la Fraternité passe
avec le voyageur. Qu'il prenne conscience qu'il est bien plus facile de ne
pas blesser que de réparer le mal une fois fait. Si seulement l'humanité
renonçait à faire souffrir, la vie se transformerait immédiatement. Il n'est
pas difficile de ne pas tourmenter un ami. Il n'est pas difficile de veiller à
ne pas infliger de peine. Il n'est pas difficile de comprendre que mieux vaut
prévenir que guérir.
Ne pas faire souffrir, telle est l'Alliance de la Fraternité.

        572. Est-il possible d'imaginer toute la variété de l'aide offerte ? Ne
croyez pas que les formes d'assistance se limitent aux méthodes des
institutions charitables. L'aide la meilleure arrive de manière inattendue,
encore faut-il l'accepter. Il y a de nombreuses rencontres, de nombreuses
lettres, expédiées par des inconnus, des livres envoyés comme par hasard.
Ceux dont le mental est éveillé compareront ces incidents étranges qui se
sont produits au fil des ans et, s'ils ne sont pas dépourvus de gratitude, ils
remercieront les Gardiens inconnus. Un cœur endurci, par contre, non
seulement oublie l'aide reçue, mais va jusqu'à tourner en dérision ces
Assistants spontanés. Tout d'abord, la Fraternité transmet le beau
sentiment de gratitude.
Refuser de coopérer, c'est inévitablement tomber en esclavage. La
servitude prend différents aspects, qu'il faut reconnaître ; sans quoi,
l'esclave marqué au fer se croira libre et s'habituera tant à ses chaînes qu'il
les considérera comme autant de colliers honorifiques. Comprenez que,
dans la société humaine, il n'est d'autre alternative que la libre coopération
ou l'esclavage sous tous ses aspects.
La Fraternité est la forme la plus haute de coopération.

        573. N'ayez pas honte de répéter avec insistance un conseil salutaire si
vous voyez que les ignorants le méprisent. Il a été dit, à juste titre, de ne
pas jeter de perles aux pourceaux ; mais il a aussi été dit qu'une montagne
se construit en jetant jour après jour des poignées de sable.
La compréhension des paradoxes conduit à la Fraternité.

        574. Solides bâtons de marche pour les uns, Nos conseils sont pour
d'autres d'intolérables fardeaux. Longtemps attendus par les premiers, ils
éveillent sans cesse chez les seconds des motifs de mécontentement.
L'homme ne peut comprendre à quel point le conseil doit être en harmonie
avec sa conscience. Bien des entreprises utiles n'ont pu voir le jour,
simplement à cause de ce rejet. Bien et rejet ne partagent pas la même
demeure. Celle du bien est toujours ouverte, elle n'a pas besoin de serrure.
Ce n'est que dans la Fraternité que l'on apprend à concilier ouverture
et secret.

        575. Dans les millénaires passés, comment découvrir le Fondateur de
la Fraternité ? Les nations l'appellent Rama, Osiris, Orphée, et lui donnent
bien d'autres noms dont les peuples ont préservé la mémoire. Ne nous
préoccupons pas de savoir lequel est le plus grand. Tous souffrirent mille
tourments, tous furent mis en pièces. Les hommes ne pardonnent pas à
leurs contemporains de se préoccuper du Bien Commun. Qu'au cours des
siècles se transmue l'Enseignement et se rassembleront les membres
dispersés de son corps. Mais qui les réunira ? La mémoire des peuples a
désigné Celle qui consacrera ses forces à en réunir les membres vivants.
Souvenez-vous des nombreux êtres qui ont peiné pour la Fraternité.

        576. La vie éternelle est le concept le plus obscur du point de vue de la
pensée terrestre. Certains réduisent parfois ce concept en une simple
prolongation de la vie sur Terre. Quelle erreur ! Les mondes se
renouvelleraient, tandis que les habitants de cette planète devraient rester
congelés dans le même vêtement ! L'Instructeur pourrait-il se soucier de
prolonger l'existence terrestre ? Il pense à la vie éternelle dans tous les
mondes. Pourquoi le cœur humain prie-t-il pour elle ? Il prie pour la vie
éternelle de la conscience. Il connaît l'insigne avantage de franchir le pas
en toute conscience et à poursuivre inlassablement l'ascension. C'est ce
qu'enseigne la Fraternité.

        577. Ne parlez pas, ne pensez même pas à la Fraternité si vous
percevez de la dissension, du malaise ou de l'incrédulité. Telles les fleurs
délicates qui languissent dans une atmosphère enfumée, les Images de la
Fraternité fuient l'irritation et la fausseté. Ce qui entraînait, hier encore, la
conviction peut se pervertir si le cœur sombre dans la confusion. Le reflet
le plus clair de la Tour de Chun peut se voir briser par un attouchement
grossier.
Les concepts les plus élevés peuvent-ils être salis par les grossièretés ?
Ce genre de blasphème laisse une marque indélébile sur l'aura. Il s'attache
au karma comme de la boue projetée par les roues.
Il est difficile de la nettoyer. Nous ne menaçons pas, mais comparons.

        578. Comment bloquer le sentier du mal ? Uniquement par le travail
sur Terre. La pensée et le travail dirigé vers le Bien Commun formeront
une arme puissante contre le mal. Les hommes commencent souvent par le
maudire ; mais ce dénigrement est si laid qu'il est impossible de le
combattre par la laideur. De tels moyens sont indignes. Travail et élévation
de pensée seront les armes de la victoire, tel est le chemin de la Fraternité.

        579. Il y a une grande beauté dans le fait d'assumer une entière
responsabilité. La consécration du cœur sera l'élan qui exaltera l'énergie
primordiale. Comment augmenter ce pouvoir, demandera-t-on souvent ?
Par la consécration du cœur. Une responsabilité consciemment assumée
sera le magnifique propulseur de l'énergie. C'est ce qu'enseigne la
Fraternité.

        580. "Plus forte est la lumière, plus denses sont les ténèbres". Ce
dicton n'est pas compris, lui non plus, alors qu'il suffit de l'accepter
simplement. Ne croyez pas que la lumière augmente les ténèbres ; elle les
révèle puis les disperse. Le porteur de lumière voit ainsi les ombres noires,
qui s'évanouissent à 'son approche. Le timoré croira qu'elles vont l'assaillir
et la lumière tremble alors dans sa main ; par ce frémissement de peur, il
donne vie aux ombres qui se mettent à jouer la farce. La peur est toujours
mauvaise conseillère.
Dans la Fraternité, les novices sont testés sur leur réaction à la peur.
On leur montre une situation profondément désespérée et l'on observe la
solution choisie. Peu d'entre eux se diront : "Qu'y a-t-il à craindre, puisque
la Fraternité se tient derrière nous ?" Pourtant, cette hypothèse libère de la
peur et met en lumière une décision libre et bénéfique. Mais le plus
souvent, avant de penser à la Fraternité, l'homme arrive à s'affliger, à
s'irriter et s'emplit d'impéril. L'appel au secours de celui qui est plein de
poison résonnera en vain.
La Lumière de la Vérité est la lumière du courage et du dévouement.
En ces termes commencent les Statuts de la Fraternité.

        581. Dans la vaste région montagneuse, il n'est guère facile de
découvrir la Demeure de la Fraternité. Rien de plus difficile que de décrire
toute la complexité de ces massifs compacts. Vous connaissez déjà les
mesures spécifiques de protection qui l'entourent. S'il existe des signes
marquant ses frontières, qui les comprendra ? Et même s'il existe une
description du chemin qui y mène, qui découvrira les indications dans les
symboles complexes ? Même un insensé comprendra la raison d'une telle
prudence : les gens savent, dans la vie ordinaire, protéger une personne
aimée. Où il y a du cœur et du sentiment, on trouvera les moyens.
Protégeons la Fraternité.

        582. Certains vous diront : "Nous sommes prêts à comprendre les
principes de base de la Fraternité. Nous sommes prêts à coopérer, mais
nous nous trouvons dans des conditions si intolérables qu'il nous est
impossible de faire plus." En vérité, il se peut que certaines conditions
empêchent de mettre en pratique ce à quoi le cœur est prêt. N'exposons pas
au danger des travailleurs innocents, ils peuvent employer leurs talents
autrement. Qu'ils édifient mentalement la Fraternité pour un temps. Ce
faisant, ils purifieront l'espace environnant ; ces pensées seront salutaires.
Mais qu'ils se gardent de tomber dans la suffisance en croyant que cette
construction mentale suffit. Non, le voyageur affirmera son
accomplissement par des pieds et des mains humaines. Tout en faisant
preuve de sollicitude pour ceux qui sont surchargés, conseillons-leur de ne
pas céder à la peur, toujours injustifiée. Lorsqu'elle contracte l'esprit, elle
empêche de penser à la Fraternité. Elle peut assombrir la meilleure
approche de la Fraternité N'oublions pas que les hommes ont pris
l'habitude d'avoir peur de tout et en tout temps.

        583. La compréhension de la Fraternité peut survenir inopinément. Ce
sont les hommes eux-mêmes qui transforment les possibilités en obstacles.
L'un appelle la Terre un cimetière parce que la mort s'est produite en
chaque endroit, un autre la considère comme un lieu de naissance parce
que, partout, la vie a été conçue. Ils ont raison tous deux, mais le premier
s'est emprisonné et le second s'est libéré pour une progression ultérieure.
Cherchez des collaborateurs parmi ceux qui pensent à une vie
nouvelle.

        584. La vie nouvelle se trouve dans la coopération et dans la joie de la
Fraternité. Ne croyez pas déjà périmées les pensées sur la Fraternité. Elles
apparaissent éternellement, comme des fleurs longtemps attendues.
Viendra un temps où l'humanité sera lasse, si lasse, qu'elle invoquera à
grands cris son salut ; et ce salut se trouvera dans la Fraternité.

        585. A chaque instant, dans le monde, quelqu'un traverse une terrible
épreuve. N'oublions pas ceux qui agonisent, envoyons-leur des pensées
d'aide. Peut-être les hommes ne réalisent-ils pas qu'il y a en permanence
des afflictions ; la Fraternité, elle, les connaît et leur envoie des traits
bienveillants. Envoyez, vous aussi, votre pensée salutaire dans l'espace,
même si vous ne pouvez déterminer avec précision sa destination. Elle
trouvera son juste cours et se joindra magnétiquement à Notre Aide. La
beauté s'épanouit lorsque, volant de tous les coins du monde, convergent
des pensées de salut. En cela, chacun sera l'émule de la Fraternité.

        586. Ce n'est pas comme port ou comme refuge que la Fraternité a été
avant tout établie, mais comme point focal de pensée. Puisque l'unification
mentale multiplie l'énergie en une frappante progression, il n'est que
naturel de rassembler des pensées puissantes. Cette base servira de point
de diffusion pour la pensée de salut. Mais les gens ne savent pas s'unir en
pensée, ne serait-ce qu'un instant ; ils brisent leurs impulsions par une
foule de pensées futiles. Certains ont essayé de se protéger des sensations
extérieures en se bandant les yeux et en se bouchant les oreilles et le nez,
mais la distraction est-elle extérieure ? Elle provient, en fait, d'un manque
de discipline de la conscience.
Seule, la Fraternité est en mesure de cultiver la volonté.

        587. On peut s'incliner extérieurement devant la Fraternité tout en
essayant, en son for intérieur, de l'éviter avec appréhension. Nombreux
sont les exemples d'hypocrites qui s'inclinent devant elle avec ostentation
tout en s'en détournant mentalement. En vérité, les insensés valent mieux
que ces hypocrites. Qui se proposent-ils de tromper ? Serait-ce la
Fraternité ?

        588. Tournons sur l'avenir un regard rayonnant ; attirons par l'amour.
Tel est le pacte de la Fraternité.

        589. L'homme coopère plus souvent qu'il ne le croit. Il donne
constamment de son énergie psychique. Lors de chaque matérialisation se
produit une décharge ectoplasmique mais, à part cette décharge
substantielle, les hommes donnent leur énergie à tout contact et s'unissent,
pour ainsi dire. Ainsi, même un avare se trouve donner son écot, tel un
collaborateur. Pourtant, les hommes oublient cet échange permanent. Ils ne
comprennent pas cette action importante, car personne ne leur a parlé des
rayonnements d'énergie. C'est uniquement de la Source de la Fraternité que
se sont largement diffusés des avertissements sur le rôle essentiel de
l'énergie primordiale.

        590. Il est essentiel de s'entraîner aux perceptions subtiles Certes,
aiguisez assidûment vos sens. Les hommes tentent parfois de discerner des
accords musicaux à des distances variées. Cette expérience, toute simple
qu'elle soit, permet des observations inattendues. Les mêmes accords
seront perçus différemment à diverses distances, ce qui signifie que
quelque chose interfère avec le son et en modifie la qualité Si une
perception aussi banale peut se modifier, combien de réactions s'exercent
lors des perceptions subtiles ! Les hommes n'y songent même pas.

        591. L'harmonie dans le travail est si nécessaire que la Fraternité lui
porte une attention spéciale. Nous conseillons d'avoir plusieurs tâches en
cours, de manière à pouvoir plus facilement en trouver une qui s'accorde
avec l'état de conscience intérieur du moment. Cette méthode permettra de
parvenir à une qualité supérieure. Il serait dommage que l'on en vienne à
détester son travail à cause de courants transitoires.
J'affirme qu'un judicieux changement d'occupation rehaussera la
qualité du labeur. La Fraternité apprend cette attitude attentive envers le
travail.

        592. La richesse inépuisable de la nature rend difficile d'isoler une
partie du tout. En vérité, chaque parcelle est si imprégnée du principe qui
contient tout que, même d'un point de vue grossièrement matériel, on ne
saurait séparer une chose d'une autre. Prenez l'insecte le plus minuscule :
peut-on l'étudier hors de son environnement, sans toutes les causes des
réactions et des effets ? Il est plus difficile d'étudier l'homme hors de la
nature. L'ensemble des branches du savoir qui le concernent ne font que
témoigner du caractère artificiel de leur division. La biologie, la
physiologie, la psychologie, la parapsychologie et un grand nombre de
subdivisions nous obligent seulement à nous poser cette question : qu'estce
que l'homme ? Il est impossible d'étudier le grand microcosme sans
prendre conscience de l'énergie primordiale. Seul, ce concept synthétique
permet d'étendre les observations dans une perspective plus vaste de la
nature humaine. Souvenez-vous aussi des concepts sublimes qui exaltent
l'esprit, au premier rang se trouvera la Fraternité.

        593. Les peuples d'Asie ont conservé la mémoire de la Fraternité.
Chacun à sa façon, dans sa langue et selon ses possibilités, a préservé dans
les profondeurs de son cœur le rêve d'un Refuge sûr. Le cœur ne renoncera
pas à son rêve sur la Communauté de salut mais se souviendra, au milieu
des chagrins, que quelque part, au-delà des pics montagneux, demeurent
les Protecteurs des peuples. Cette pensée, elle-même, purifie l'esprit et
l'emplit de vigueur. Honorons donc ceux qui n'abandonnent pas leur plus
précieux trésor.

        594. De tous temps, la Fraternité a eu des Ashrams particuliers. Ils ont
pu se déplacer mais le Centre demeure, ferme, dans les Tours escarpées.
Affirmez que les courants de la Fraternité imprègnent le monde en
permanence. Inutile de se demander si c'est avec succès ou non ; ce genre
de déduction prématurée traduirait seulement une conception étroite de la
Fraternité.

        595. Il est juste de penser qu'il existe deux manières possibles de
considérer les phénomènes, en les approchant par le bas ou par le haut. En
règle générale, la connaissance s'acquiert avec l'expansion de conscience.
L'homme s'élève avec peine, comme s'il escaladait un sommet. La vue de
ce qui surplombe sa conscience l'oppresse. Nombre de notions lui
semblent difficiles, et il commence par les éviter. Mais il existe d'autres
modes de connaissance : l'homme, par un effort héroïque, élève sa
conscience et observe les phénomènes d'en haut. Le plus complexe lui
paraît en dessous de sa conscience et donc aisé à comprendre. Le
deuxième mode de perception est celui de la Fraternité Par des mesures
austères et inspirées, elle éveille la conscience et la guide vers le haut pour
lui permettre de dominer plus facilement les phénomènes les plus
complexes. Cette manière d'élever la conscience est particulièrement
nécessaire dans les périodes de pression et d'accumulations. Toute école de
pensée sagace peut l'appliquer ; mais qu'elle n'oublie pas que c'est le
chemin de la Fraternité.

        596. Les esprits éclairés rêveront toujours d'une cité de la science. Nul
ne peut objecter à l'idée d'une demeure où des scientifiques en sage
communion mettraient à jour des vérités. Tout travailleur entraîné y
disposerait du meilleur équipement. On imagine les découvertes qui
résulteraient d'une harmonie et d'une coopération pleine et entière entre
toutes les branches de la science ! Personne ne verrait rien d'utopique dans
cette cité Ce n'est qu'une question de moyens et de bonne volonté ! Mais si
l'on déclarait qu'une certaine Demeure de Connaissance existe bien, cela
susciterait un scepticisme et un rejet général. Et si, au terme de science,
était adjoint celui de Fraternité, on dirait certainement qu'une telle
combinaison chimique est impossible. Mais qui dit que science et
Fraternité sont incompatibles ?

        597. La Fraternité, précisément, repose sur la connaissance. La
science authentique vit dans la communion fraternelle, tel est le Pacte de la
Fraternité.

        598. La lutte pour la préséance ne peut exister dans la Fraternité. La
priorité de la connaissance et la prééminence de l'esprit y engendrent une
hiérarchie naturelle. La situation qui perturberait le plus les hommes s'y
résout simplement, sans conflits ni frictions inutiles. Lorsque l'on réalise
que la primauté est un grand sacrifice, il ne peut y avoir de querelles pour
des titres terrestres. Que de temps et d'énergie les principes de la Fraternité
permettront-ils d'économiser ! N'obscurcissons pas le concept lumineux
parce qu'il a parfois été associé aux idées incomprises de liberté et
d'égalité. Chacun comprend leur valeur relative alors que la Fraternité,
fondée sur la connaissance-directe du cœur, est inconditionnelle.
Considérons donc la Fraternité comme une réalité.

        599. Recueillez la connaissance comme les abeilles le miel. En quoi
ce conseil est-il nouveau ? Demandera-t-on. Précisément, en ce qu'il
exhorte à une collecte illimitée du savoir. Jusqu'à présent, la recherche
avait des limites fixées et des domaines entiers étaient interdits, suspects et
négligés. Les hommes n'ont pas eu le courage de surmonter les préjugés,
oubliant que les savants ont pour premier devoir de s'ouvrir à tout ce qui
existe. Pour eux, il n'est pas de domaine interdit. Ils ne rejettent aucun
phénomène naturel, car ils comprennent la profonde importance que
revêtent sa cause et son effet.
La Fraternité enseigne cette approche sans préjugés.

        600. Que les scientifiques ne s'imaginent pas que la Fraternité les
censure en quoi que ce soit. Ils sont Nos amis. Par scientifiques, nous
n'entendons pas les rats de bibliothèque pleins de superstition, mais tout
travailleur scientifique éclairé reçoit une salutation de bienvenue de la part
de la Fraternité.

        601. Bienvenue aussi à ces maîtres d'école qui trouvent une heure pour
parler à leurs élèves de la dignité et de la responsabilité humaine, de
l'énergie primordiale et des trésors communs à tous les peuples. De fait,
ces précepteurs rendront plus manifeste le sentier du labeur et de
l'accomplissement. Ils apprendront à trouver l'harmonie entre prééminence
de l'esprit et santé du corps. Ils introduiront le livre de la connaissance
dans chaque demeure. Leur vie est dure. Puisse vivre en eux le rêve
vivifiant de la Fraternité.

        602. Préservez la solennité. Entourez-vous de solennité quand vous
pensez et parlez de la Fraternité. Y penser est en soi une grande
communion. Toute pensée claire et pure atteindra sa destination. Par
contre, si les propos que l'on tient à son égard traînent dans la poussière du
bazar, n'attendez pas de récolte ; le tourbillon de blasphèmes ne s'apaisera
pas ; la connaissance des forces de la nature ne s'obtient pas par des
injures. Depuis longtemps, Nous parlons de comesure. Tout concept exige
un environnement adéquat. Demandez-vous pourquoi à certaines époques,
un concept est exalté alors qu'à d'autres, il se flétrit et devient un simple
colifichet.
Parler de la Fraternité dans l'harmonie procurera une élévation de
l'esprit sans précédent, si cette parole est réellement harmonieuse.
Recherchons donc toutes les qualités nécessaires pour approcher la
Fraternité Une fois de plus, confirmons que l'esprit de solennité sera le
meilleur guide. Comme l'indique le terme d'esprit, cette solennité n'est pas
extérieure, mais intérieure, en accord avec toutes les cordes de
l'instrument. Il est rare de parvenir à un accord aussi clair.
Aux carrefours, les gens parlent haut et fort de fraternité, mais toute
discipline y est perçue comme une contrainte. Seule, la solennité permet de
prononcer avec dignité le beau mot de Fraternité.

        603. Au milieu des occupations les plus prenantes, vous avez plus
d'une fois sentis une soudaine dépense d'énergie. Même au cours des
tâches les plus absorbantes, vous avez pu sentir une absence inexplicable.
Un disciple perspicace apprécie ces envols de conscience. Il aura cette
pensée fugitive : "Puisse l'Instructeur m'aider à porter assistance là où c'est
nécessaire. Que ce soit pour le bien du monde."

        604. Prétendre à une supériorité personnelle est l'une des
manifestations les plus honteuses de l'imperfection de l'esprit. Cela non
seulement corrompt l'environnement mais constitue le plus grand obstacle
au progrès. Il est essentiel de neutraliser ce mal pernicieux par un puissant
fortifiant. Penser à la coopération et à la Fraternité est à cet égard
particulièrement salutaire ; cela évoque de plus une force nouvelle.
S'arroger une supériorité personnelle est incompatible avec la
Fraternité, tout comme l'autosatisfaction.

        605. Partout s'observe une augmentation de la criminalité. Nul ne
niera que les crimes les plus subtils attirent les esprits faibles Les mesures
ordinaires ne sont pas efficaces. Reste donc à espérer que le principe d'une
saine coopération conduira l'humanité dans le champ d'un labeur plus
digne, mais faisons également appel au principe de Fraternité.

        606. Déterminez en conscience si l'idée de Fraternité limite ou étend
vos possibilités. Si quelqu'un ressent la moindre gêne, qu'il ne s'approche
pas. Mais si le cœur est prêt à accepter les avantages de la Fraternité, alors
le message passera.

        607. Les prisonniers étaient jadis considérés comme l'attribut
indispensable du conquérant. Puis, on en vint à réaliser que ces coutumes
étaient incompatibles avec la dignité humaine. Mais voyons, le nombre des
prisonniers en a-t-il diminué pour autant ? Au contraire, il s'est accru, dans
tous les domaines. Cette dégradation est particulièrement frappante pour
les prisonniers de l'ignorance. Difficile d'imaginer la multitude de ceux
qu'enchaînent superstition et préjugés de toutes sortes. Les esclaves les
plus avilis ne furent jamais dans un état plus bestial que ces bipèdes
enferrés dans les chaînes de l'ignorance. Seules, les plus urgentes mesures
de connaissance peuvent prévenir la folie générale.

        608. Les suicides sont en augmentation. Il est indéniable que jamais
les hommes n'ont été aussi nombreux à mettre fin à leurs jours. Cela
signifie que nul n'a parlé à ces infortunés de l'importance de la vie.
Personne ne les a avertis des conséquences de leur acte. N'y a-t-il donc pas
de voix pour défendre la vérité et la beauté de la vie ?
La Fraternité a sauvé une multitude de gens d'accès de démence. Ses
statuts comportent un édit enjoignant de soigner l'âme et le corps. Nombre
de messagers se hâtent pour prévenir la folie. Les hommes les reçoivent
parfois, mais il n'est pas rare qu'une volonté libre et violente se précipite et
s'inflige une sentence de mort.

        609. L'imagination n'est pas assez développée. Les gens ont peine à se
représenter les causes et les effets. Ils n'arrivent pas à imaginer les plus
belles possibilités. On ne leur a rien dit de l'imagination et de l'inspiration.
Les moqueries qui ont accueilli les meilleurs efforts de pensée ont
découragé toute nouvelle tentative. Ceux qui ne savent pas penser n'ont pas
d'imagination. Manquer d'imagination, c'est renoncer à la joie.

        610. Des voyageurs peuvent frapper à la porte. Certains d'entre eux
pourraient parler des Grandes Ames qui demeurent, en un service sans
relâche, au-delà des déserts lointains, au-delà des montagnes, au-delà des
neiges.
Ces voyageurs ne diront pas s'ils ont été dans la Demeure. Ils ne
prononceront pas le mot de "Fraternité", mais chaque auditeur comprendra
de quel Centre de Connaissance il s'agit. Lorsque l'humanité tremble, les
Semeurs de bien parcourent le monde.
Les hommes désirent entendre parler de la Forteresse, de la Citadelle.
S'ils n'apprennent rien de ses statuts, pourtant ils se sentiront plus forts à la
seule nouvelle que la Forteresse du Savoir existe bien. Le Lotus du cœur
frémit à l'approche des échéances.
Réjouissez-vous de l'existence de la Fraternité !
Lorsque la conscience se trouble, lorsque les concepts supérieurs
semblent lointains, réfléchissez au moins à l'unité des actions de bien.
Il est impensable de se détourner de ce qui donne de la force.
Il ne peut y avoir de travail durable au nom de la dissension ;
inacceptable est la poussière sur le seuil.
Lors de vos préparatifs pour le long voyage, enlevez toute poussière,
pour laisser derrière vous un endroit propre.
Ainsi, dans toutes les manifestations de la vie, souvenons-nous du
Centre de Connaissance et de Justice – de la Fraternité.

        FIN DU LIVRE


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