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FRATERNITÉ

1937

        Ce qu'il y a de plus sacré couronne le concept de Fraternité. Ce qu'il y
a de plus joyeux vit dans la réalisation qu'existe la coopération de la
connaissance. Cette pensée affirme que, quelque part, vivent de Vrais
Collaborateurs. Rappelons les fondements qui mènent à la Fraternité

        FRATERNITÉ

        1. Considérons un concept qui a été chargé à l'extrême. Plongés dans
la vie quotidienne, les hommes assimilent avec peine ce qu'est la
coopération ; cependant, le concept de Fraternité est d'un accès bien plus
difficile. L'hérédité physique, c'est à dire les liens du sang, empêche de
l'accepter. Il est plus simple de rejeter en bloc toute compréhension de la
Fraternité Mondiale et de la considérer comme utopique que de réfléchir à
l'appliquer dans la vie.
Si, dans le domaine restreint de la vie domestique, les hommes ne
trouvent pas en eux l'affirmation de la Fraternité, a fortiori cette notion
semblera-t-elle irréaliste dans son sens plus vaste. Qui plus est, ils lisent
superficiellement les anciennes Alliances, qui mentionnent une multitude
de Frères et de Sœurs.
Les recueils du Monde Subtil se sont eux aussi obscurcis. Pourtant,
c'est seulement là que se rencontrera la réalisation élargie de la Fraternité.
Le corps physique entrave la voie de maintes grandes idées. Ce n'est qu'en
dépassant les limites qu'il impose à notre compréhension que nous
pourrons à nouveau reconnaître la coopération fraternelle. Rassemblons les
signes d'un état de conscience aussi élargi.

        2. Les hommes ont tenté de sceller l'union fraternelle par le sang. Ils
ont donné de leur plus précieuse substance pour acquérir le statut de Frère.
Quand on prête l'oreille à tous les chants sur la Fraternité, on perçoit un
merveilleux poème tissé des rêves de l'humanité. Si l'on recueille toutes les
coutumes parlant de ce concept, on trouve là un témoignage extrêmement
touchant sur les aspirations des peuples. Ce que l'on a accompli au nom de
la Fraternité révèle que l'abnégation a toujours été liée aux efforts venant
d'un cœur pur. Pourtant ce concept précisément est soumis à une
profanation et un avilissement particulier.

        3. Les meilleurs ajouts au concept de Fraternité n'ont fait que le
rabaisser et le rendre plus difficile d'accès. On l'a liée à la liberté et à
l'égalité, mais cette triade fut conçue dans le sens terrestre, c'est à dire dans
des conditions où n'existent ni liberté ni égalité.
La liberté la plus sublime se réalise dans le Monde Sur-terrestre [ce
qui dépasse le terrestre, tout en étant aussi sur terre], où les lois sont
comprises comme des réalités belles et immuables. L'égalité de la semence
de l'esprit se comprend également comme étant la seule mesure de
générosité et d'équilibre. Les statues qui, sur Terre, représentent la liberté
sont d'ordinaire pourvues d'ailes ou de torches, nous rappelant ainsi les
sphères et les états d'être supérieurs.
Voici une anecdote à propos d'images représentant l'égalité. Un jour,
un sculpteur reçut en commande l'exécution de mille statues pour
représenter l'égalité et destinées à décorer une avenue triomphale. Il fit une
statue et proposa de mouler toutes les autres sur son modèle.

        4. Il est rarement possible de parler de Fraternité. Durant les périodes
de grand endurcissement terrestre précisément, il est courant d'observer
que l'on s'est en quelque sorte mis d'accord pour avilir, ce concept parfait.
Les anciennes coutumes de fraternité fondée sur l'union du sang se sont
déjà transformées en de telles menaces pour la race humaine tout entière
qu'elles font paraître la vengeance la plus barbare comme une farce
puérile.
Vous savez que Je parle d'une chose qui a tout spécialement besoin
d'être fortifiée.

        5. Saluer une assemblée par les mots de "Amis et Collaborateurs"
éveillera chez la plupart de ses membres une réaction de méfiance ! Mais
que l'on ose s'adresser à eux en les appelant frères et sœurs, et l'on se
heurtera à un rejet indigné.
On fonde parfois des fraternités. Mais ces institutions superficielles et
pompeuses n'ont rien de commun avec le grand avec le grand concept de
Fraternité. On crée, par exemple, des communautés, des coopératives,
diverses associations et sociétés ; mais leurs fondements manquent de la
confiance la plus élémentaire. Ces institutions sont donc loin de cette
fraternité qui est une union forte et ferme, basée sur la confiance.
Il se peut que, dès maintenant, quelques cœurs plus nobles rêvent de
créer des organisations dont la confiance serait la pierre angulaire. On ne
saurait affirmer sans réserves que tout est mauvais, car l'œil humain ne
perçoit que quelques-uns des détails de l'ère qui approche.
Les fragments d'anciens symboles permettent d'observer la vitalité des
concepts fondamentaux. C'est précisément quand tout a été transgressé du
point de vue terrestre, que peuvent naître de très beaux concepts.

        6. Quand donc devrait-on parler des concepts nécessaires ? Tout
spécialement quand ils ont été transgressés. Parlons-en précisément, quand
les hommes les croient dans un état désespéré. Pourquoi rappelons-Nous à
présent ce qu'est la Fraternité ? Les hommes, dans leur désarroi, viendront
chercher les semences éparses de la Communauté Fraternelle prédestinée.
Que les oscillations du pendule de la vie ne vous jettent pas dans la
confusion. Le désespoir peut-être le signe avant-coureur d'un
recouvrement de la vision.

        7. On a observé, à juste titre, combien il est difficile d'appréhender
certains rayons et tout ce qui est en relation avec eux. C'est pourquoi Nous
ne tentons pas d'exercer de contraintes sur une conscience étrangère,
accordée différemment de la Nôtre. La contrainte ne convainc pas ; l'amitié
ne se commande pas et encore moins la fraternité. Ces notions requièrent
de l'abnégation et la compréhension des principes fondamentaux.
Que le vaste concept de Fraternité ait régressé jusqu'à devenir
synonyme de lien du sang indique que la conscience s'est grandement
appauvrie. Celle-ci est souvent si limitée qu'elle ne permet pas d'imaginer
un type de fraternité qui ne soit fondé sur la parenté biologique. On a
distingué des degrés divers, tels "cousin germain", "cousin au deuxième
degré" et même "au troisième degré", mais l'imagination hésite à aller plus
avant. Les conventions qui se sont entassées autour de cette idée de
Fraternité rempliraient des livres entiers.
Au cours des âges, divers peuples ont mis l'accent sur l'importance de
la Fraternité. Ils considéraient le fratricide comme un crime grave. Tout
cela pourrait indiquer un certain respect pour un statut exalté. Le peuple,
par des mesures énergiques, sauvegardait une chose qui ne trouvait pas
place dans ses pensées quotidiennes. La raison rejetait cette "chose" mais
le cœur, dans la profondeur de son feu, l'affirmait. Il palpitait, en ressentant
toute la beauté et le sens. L'humanité se mettra à nouveau à l'écoute du
cœur et appréhendera l'essence de la Fraternité.
Peut-être la Fraternité existe-t-elle vraiment ? Peut-être, comme une
ancre terrestre, maintient-elle l'équilibre ? Peut-être est-elle restée, dans les
rêves de l'humanité, une réalité immuable ? Rappelons-nous certains rêves
et certaines visions, si clairement gravés dans la mémoire, visions de
remparts et de tours de la Fraternité. L'imagination n'est autre que la
mémoire de ce qui existe.
Peut-être quelqu'un se souviendra-t-il réellement de la Tour de Chun ?

        8. L'étincelle de l'Infini doit trouver son expression en chaque chose.
Tout concept doit inclure l'hypothèse qu'il peut se développer à l'infini. Il
entrera ainsi dans des séries entières de concepts s'enchaînant les uns aux
autres. Ni l'amitié ni la coopération ne sauraient être des termes ultimes.
Entre elles et le Monde Subtil, doit encore se trouver autre chose qui
puisse appartenir à part égale aux deux mondes. Cela s'appelle la
Fraternité.
On ne saurait nommer de plus grand concept pouvant couronner ainsi
les relations humaines et correspondre à la nature essentielle des Mondes
Subtil et Ardent. C'est pourquoi l'on dit de la Fraternité qu'elle est triple.
Tel un pont solide, elle s'étend entre les trois mondes. Il est presque
impossible d'imaginer le contact entre le Monde terrestre et le Monde de
Feu, mais la perspective de la Fraternité permet une telle confluence.

        9. Personne ne souhaite se retrouver enfermé dans un champ sans
pouvoir, ne serait-ce que regarder par-dessus la barrière. On a besoin de
découvrir une fissure, même étroite, laissant entrevoir la possibilité
d'approcher l'Infini. Découvrons le principe unificateur, y compris dans la
vie quotidienne, de telle sorte que toute chose puisse être acceptée, de la
plus petite à la plus grande.
Peut-être y a-t-il, sur chaque planète, une place pour de grandes
rencontres.

        10. Lorsque des rochers commencent à se désagréger, on les réduit en
morceaux et on les enlève pour assurer la sécurité de la route. Il en va de
même de certaines définitions humaines. Au fil des siècles, un terme peut
perdre son sens original. Il convient, alors, de le remplacer par un mot plus
adapté à la période en cours. C'est ce qui s'est passé avec le mot "initié".
De même que pour "onction", on a relégué dans le passé son sens premier
Au lieu des termes "initié" et "non initié", disons donc "savant" et
"ignorant", ou "connaissant" et "incompétent". Et pour désigner l'initiation,
mieux vaut employer le terme "d'éducation" : on l'exprimera ainsi, sans la
déprécier, par un terme plus proche du langage contemporain.
En aucune manière, il n'est juste de cacher une bonne chose sous des
mots périmés, quand elle peut s'exprimer d'une manière compréhensible
pour un grand public. La connaissance n'est certainement pas destinée à
l'élite, mais à tous ! Donc, loin de répéter des principes moraux éculés,
indiquons plutôt les acteurs les plus favorables au développement de la
connaissance scientifique. Seul l'ignorant ne comprendra pas que de
meilleures conditions de vie doivent être établies.
La science ne peut dépasser les limites du cercle mécaniste tant que ce
mur n'est pas surmonté par la compréhension du Monde Subtil.

        11. En certains endroits, on interdit les médicaments homéopathiques ;
de même, certains tiennent à soigner en utilisant uniquement leur méthode.
La pensée restrictive est limitée Impossible d'interdire tout type de
traitement, à l'exclusion d'un seul. Souvenons-nous que les médicaments
ne sont que des expédients auxiliaires ; sans énergie primordiale, ils seront
tous inopérants. Impossible de classer les médecins en allopathes et en
homéopathes. Car chacun applique la méthode qui lui est propre et qu'il
juge la meilleure. Le médecin, toutefois, devrait se familiariser avec
l'énergie primordiale, qui est le facteur opérant la guérison la plus rapide.

        12. On demandera : "Quel lien y a-t-il entre un traitement
thérapeutique, des notions désuètes et Nos discours sur la Fraternité ?" Il
faut mettre en lumière les relations entre maints concepts qui élargiront la
compréhension de la Fraternité.

        13. Sur les sentiers vers la Fraternité, fortifions-nous par la confiance.
Nous ne parlons pas de foi aveugle, mais précisément de confiance.
Comprenez que nos qualités sont l'habitat des vitamines. Méfiance et doute
seront mortels pour les meilleures d'entre elles. Pourquoi nous saturer de
vitamines manufacturées, quand il s'avère que nous produisons les
meilleures et les plus puissantes ?
Lorsque des vitamines entrent dans un habitat naturel, elles produisent
toute leur réaction. Les meilleures d'entre elles, d'origine végétale, ne
sauraient manifester leurs propriétés optimales lorsqu'elles entrent dans un
organisme empoisonné. Nous apprécions donc ces organismes dans
lesquels les qualités fondamentales de la nature humaine ont pu trouver
expression.
Le doute interdit la coopération, même la plus élémentaire. Celui qui
doute ne peut comprendre la magnifique discipline de la Fraternité. Ce
terme de discipline est précisément le seul qui puisse évoquer cette
harmonie volontaire, fondement des travaux de la Fraternité. Les Frères
s'unissent pour le travail commun et, sans confiance, il n'aurait aucune
qualité.

        14. On décrit souvent le Monde Subtil comme brumeux, froid, comme
un royaume d'ombres errantes. De telles descriptions ne proviennent-elles
pas de la superstition ? Ne résultent-elles pas de l'incapacité à apprécier les
avantages de cet état supérieur ? Préjugé et méfiance, de fait, en cachent le
véritable aspect. Dans la condition terrestre, l'homme voit ce qu'il souhaite
voir, a fortiori en va-t-il ainsi dans ce monde où tout est fait de pensée. Làbas,
les habitants créent et observent selon la qualité de leur pensée.
Il est utile d'avoir une pensée pure, car elle connaît la signification de
la confiance.

        15. Une seule étincelle a suffi pour libérer une puissante énergie. Une
décharge de force nerveuse peut, également, établir un constant influx
énergétique. Une décharge d'énergie nerveuse est d'une puissance bien
plus grande que la force musculaire ; les hommes l'ont réalisé depuis
longtemps. Il était admis que la tension nerveuse est brève et suivie d'un
épuisement des forces. Mais ce postulat n'a aucune base naturelle. Seules
les conditions régnant sur Terre empêchent un afflux continu d'énergie
psychique. Il est possible d'instaurer des conditions de vie telles que cette
énergie soit aussi régulière que l'énergie musculaire. Une fois le principe
découvert, on cherchera à le développer. La coopération ne se bornera
plus, alors, à étinceler en flashs de courte durée, elle entrera dans la
conscience, suivie de la Fraternité. Il est peu sage de confier un vase
précieux à un messager inexpérimenté. La Fraternité, elle aussi, ne saurait
faire appel à des ignorants. On ne soumet pas un dirigeable à des pressions
illimitées sans l'avoir testé au préalable. Sans ferme réalisation, les
hommes ne peuvent assumer la charge des plus grands concepts. Même un
cheval s'habitue progressivement à porter du poids. Mais si déjà brille
l'étincelle de la réalisation, il devient alors peu à peu possible de porter le
reste du fardeau.

        16. Certains parlent rarement de la Fraternité mais font beaucoup pour
Elle. D'autres ont toujours ce mot à la bouche et ne sont jamais loin de La
trahir.

        17. Considérez la Fraternité comme une institution dont les membres
travaillent non à la journée, mais à la tâche. Cela nécessite que l'on aime le
labeur pour préférer cela. Réalisez que les tâches sont infinies et le
processus de perfectionnement sans fin. Quiconque a peur ne pourra
jamais aimer le labeur.
Vous avez parfois écouté le chant magnifique d'hommes au travail. En
vérité, le labeur peut s'accompagner à la fois de joie et de pensée inspirée.
Mais il faut s'éprouver en toute chose.

        18. Sur les sentiers de la Fraternité, sera aussi requis le renoncement.
Il est fort probable que beaucoup trouveront difficile de remplir cette
condition. Ils ne réalisent pas à quel point les hommes font souvent preuve
de cette qualité dans la vie de tous les jours. En toute inspiration, tout élan
d'enthousiasme, s'inclura automatiquement le renoncement. Comprenez
très précisément le sens des mots.
Il n'existe pas dans la vie de qualités qui n'appartiennent qu'aux héros.
Le fait est qu'ils ne sont pas rares, mais ils ne sont pas toujours armés de
lances et d'épées. Ainsi, comprenez et mettez en pratique les meilleurs
concepts.
Se répéter les difficultés de l'accomplissement peut faire perdre tout
courage et toute fermeté. Peu importe comment s'applique le courage,
pourvu qu'il grandisse inlassablement. Plutôt que de parler de courage
brisé, les hommes feraient mieux de nommer simplement cette condition ;
pusillanimité. Les os, les muscles peuvent se briser, mais l'esprit est
inaltérable ! Le pusillanime et l'irrésolu ne peuvent servir la Fraternité.
L'abnégation n'est autre que de l'inspiration ; la pusillanimité ne
saurait être inspirée.

        19. Ne nous encombrons pas de l'obstination, il n'est pas de fardeau
plus insupportable. On ne choisit évidemment pas un cheval cabochard ;
en voyage, on ne s'accompagne pas d'un chien entêté. L'obstination
paralyse les meilleurs centres. Les expériences sur l'énergie psychique ne
donneront aucun résultat si l'expérimentateur est têtu.
Raison et sagesse ne comportent pas d'obstination restrictive.

        20. La susceptibilité ne convient pas à un long voyage. Cela ne
signifie pas que Nous ne recherchions que des perfections surnaturelles.
Nous avertissons simplement d'éviter de se charger de certains fardeaux.
Cherchez à vous fortifier par la joie, éprouvant celle-ci en diverses
circonstances et par toutes sortes de temps. Ne vous tourmentez pas, ne
vous torturez pas mais testez votre endurance corporelle.

        21. Toute nourriture contenant du sang nuit au développement de
l'énergie subtile. Si seulement l'humanité s'abstenait de dévorer des corps
morts, l'évolution pourrait s'accélérer. Ceux qui aiment la viande ont
essayé d'en retirer le sang, mais sans pouvoir obtenir les résultats
escomptés. Celle-ci, en effet, même débarrassée de son sang, ne peut être
pleinement libérée des émanations de cette puissante substance. Les rayons
solaires les font disparaître dans une certaine mesure, mais leur dispersion
dans l'espace cause un dommage qui est loin d'être négligeable. Essayez de
mener une expérience sur l'énergie psychique près d'un abattoir, et vous
obtiendrez des signes de folie aiguë, pour ne pas mentionner les entités qui
s'attachent au sang répandu. Ce n'est pas sans raison que le sang a été
considéré comme sacré.
On peut ainsi observer différents types d'hommes et voir à quel point
l'atavisme est puissant. Il augmente, en effet, le désir de manger de la
nourriture carnée, dans la mesure où maintes générations précédentes
étaient imprégnées de sang. Les gouvernements, malheureusement, ne se
préoccupent pas d'améliorer la santé de la population. La médecine d'Etat
et l'hygiène sont d'un niveau assez bas ; le contrôle médical n'est guère
supérieur à celui qu'exerce la police. Ces institutions éculées ne se laissent
pénétrer par aucune idée neuve. Elles ne peuvent qu'engager des
poursuites, non aider.
Sur les sentiers vers la Fraternité, qu'il n'y ait donc pas d'abattoir.

        22. Certains, en parole, s'opposent fermement à toute effusion de sang,
mais ne sont pas contre le fait de manger de la viande. L'homme est fait de
nombreuses contradictions. Seul le perfectionnement de l'énergie
psychique promeut l'harmonisation de la vie. La contradiction, en effet,
n'est autre que du désordre. A des strates différentes correspondent des
contenus différents. Mais une tempête peut créer des vagues, et il faut
longtemps pour que se rétablisse le courant correct.

        23. Nous avons parlé du mélange des strates. Lors d'orages cosmiques,
le courant du chimisme est constamment perturbé, et les rayons réfractés.
Il est difficile d'assimiler ces perturbations sans se rappeler le caractère
inviolable des lois. L'astrologie, qui demeure une science, subira encore de
nombreux flottements, du fait du peu d'information dont on dispose sur
Terre ; en outre, nombre de signes ont été cachés. Nous ne disons pas cela
parce que Nous aurions perdu des illusions mais pour rappeler aux
observateurs la complexité des conditions environnantes.

        24. Hypocrisie, bigoterie et superstition sont trois des sombres
caractéristiques à rejeter sur le sentier de la Fraternité. Que chacun
réfléchisse à l'origine de ces valets de l'ignorance. Des livres entiers
pourraient traiter de ces sombres chemins, tant il y a matière. Cherchez
comment grandissent ces corrupteurs pernicieux. Ils croissent
imperceptiblement, et jamais il n'y eut d'époque où ils furent plus
nombreux qu'à présent. Malgré la spiritualisation de la science et en dépit
des conditions d'investigation rationnelle du Monde Subtil, la croissance
de la criminalité due à l'ignorance est sans précédent. Les hommes ne
comprennent pas que la pensée spatiale peut les libérer de leurs chaînes.
Considérez les âges sombres comme transitoires. La connaissance
confond l'ignorance.

        25. Le sentier vers la Fraternité est élevé. Telle une montagne, Celle-ci
se voit de loin. L'Instructeur n'insiste pas si le regard est myope. Au cours
de l'ascension, les contours du sommet sont perdus de vue. Juste à son
approche, la hauteur ne se distingue pas. Ainsi en va-t-il de la Fraternité :
le chemin qui y mène fait de nombreux lacets. Habituons-nous à l'idée que
l'accomplissement est complexe. Apprenons à aimer tous les obstacles ;
car les pierres sur le chemin sont autant de marches pour l'ascension. Il y a
déjà longtemps, il a été dit qu'on ne peut s'élever sur une paroi lisse.

        26. Aucun appel à la Fraternité ne demeure sans réponse, mais
multiples sont les manières d'y répondre. Les hommes restent si enfermés
dans leurs modes d'expression routiniers qu'ils ne perçoivent pas d'autres
signes. D'ailleurs, ils sont incapables de comprendre les allusions et les
avertissements contenus, parfois, en un simple mot ou une seule étincelle.
Ils refusent de réfléchir aux raisons d'une telle brièveté Les savants, même
très érudits, ne se rappellent pas la loi du karma. Cependant, lorsque les
gens voient un passant exposé au danger, ils l'avertissent par un cri bref et
ne lui font pas un cours sur la cause de son infortune. Ainsi en va-t-il en
matière de réactions karmiques : il est habituellement possible de prévenir
quelqu'un par une courte exclamation, sans sonder les profondeurs de son
karma.
Tout le monde a maintes fois eu l'occasion de se convaincre que la
Fraternité répondait par des signes d'aspect vraiment insignifiant. On peut
même dire, avec audace, que la plus grande part des indications données
glissent à la surface de la conscience ou qu'elles sont interprétées de
manière erronée. Ces distorsions deviennent particulièrement nocives
lorsqu'elles tombent entre les mains de personnes irréfléchies qui
soumettent ces indications à leur humeur du moment.
Les exemples sont nombreux où l'ignorant a donné, à des signes
essentiels, une explication à l'opposé de leur véritable signification. Dans
leurs coutumes terrestres, les hommes interprètent souvent les lettres à leur
manière, sans se préoccuper du sens précis des mots. Ces pratiques
conventionnelles et égocentriques doivent être abandonnées sur les sentiers
de la Fraternité.

        27. En agissant avec attention dans leurs relations terrestres, les
hommes s'habitueront à être attentifs dans le Service Supérieur. Ne laissez
pas sans réponse les questions posées. Mieux vaut répondre d'une manière
aussi brève que possible que de laisser le poison se former derrière soi. On
peut facilement montrer que des fermentations toxiques naissent là où il
n'y a pas d'échange.

        28. On en sait assez sur l'existence de la Fraternité du Bien et de celle
du Mal. Il est également bien connu que celle-ci s'efforce d'imiter la
première dans ses moyens et modes d'action. L'ignorant demande : "A
l'approche d'un frère, est-il possible de distinguer à quelle Fraternité il
appartient ?" Si l'apparence et les paroles sont identiques, il devient facile
de tomber dans l'erreur et d'accepter des conseils qui conduiront au mal :
ainsi raisonnera celui qui ignore que le moyen de discerner se situe dans le
cœur. L'emploi de l'énergie psychique aide à discerner infailliblement
l'essence interne des manifestations. Point n'est besoin d'appareils
compliqués, lorsque l'homme porte en lui, l'étincelle de la connaissance.
Les chercheurs en énergie psychique peuvent témoigner que ses
indications sont infaillibles. Elles peuvent être relatives pour ce qui touche
aux dates terrestres mais, en termes de qualité, elles ne seront pas erronées.
Et c'est précisément la qualité qui est nécessaire pour discerner l'essentiel.
L'énergie primordiale ne saurait prendre le négatif pour le positif. Une
preuve aussi purement scientifique protège contre l'approche du mal. Ce
n'est pas sans fondement que le discernement est appelé armure de
Lumière.

        29. La question peut se poser pourquoi une arme aussi indispensable
n'est pas confiée à chacun. Chacun la possède mais elle est souvent
enfermée derrière sept serrures. C'est l'homme lui-même qui est à blâmer
de calfeutrer à la cave son plus grand trésor. Beaucoup, après avoir
entendu parler de cette énergie, ne se hâtent pas de connaître les moyens
de la découvrir, tant est sous-développé l'amour de la connaissance !

        30. La même énergie, réveillée, permet d'observer les événements
avec calme. Tout au long de ses observations, le chercheur ne doit ni
s'irriter ni s'agiter. Le calme est un signe de service. Il est impossible de s'y
consacrer tant que notre être s'agite comme des vagues sous un vent
contraire.

        31. L'Enseignement, déjà, a transformé toute votre vie. Il vous a fait
traverser bien des dangers. L'Enseignement vous aide à cerner où se trouve
le mal et où est le bien. Apprendre à discerner le bon chemin n'est pas
chose aisée, mais vous savez comment escalader une paroi lisse. L'énergie
psychique se développe par de telles tensions.

        32. L'énergie psychique ne doit pas seulement s'étudier mais
s'appliquer dans la vie. Une coopération consciente, telle que la Fraternité,
a besoin d'elle. Sans elle, impossible d'harmoniser le travail. Sans elle,
impossible de parvenir à la compréhension mutuelle. Sans elle, impossible
de rassembler patience et tolérance. Sans elle, impossible de se libérer de
l'irritation. En toutes choses, appliquez l'énergie primordiale.
On a déjà observé que non seulement la présence d'une personne
exerce une influence sur les fluctuations de l'énergie, mais que même les
portraits réagissent sur celle-ci. Il ne suffit pas de reconnaître son caractère
sensible, gardez à l'esprit cette qualité phénoménale Pour ceux qui n'ont
pas assisté aux expériences sur l'énergie psychique, discuter des réactions
engendrées par de simples images semblera un aberrant conte de fées. Pour
ces personnes, l'énergie est suspecte. Elles ne répugnent pas à parler de
l'esprit ou de l'âme mais, pour elles, cette énergie, pourtant si manifeste,
s'apparente à de la sorcellerie.

        33. Apprenez à ne pas irriter ceux qui ne peuvent avoir accès à un
certain type de connaissance L'observation expérimentée murmure lorsque
la discussion est vaine.

        34. Un argument peut faire apparaître la vérité mais, le plus souvent, il
encombre l'espace ! L'enseignant doit savoir dans quelle mesure l'élève
peut se lancer dans une discussion sans y introduire d'irritation.
Ces mesures sont à connaître, car la Fraternité a tout d'abord besoin
d'équilibre.

        35. Ne soyez pas surpris si, dans Mes propos sur la Fraternité, Je
mentionne l'énergie primordiale. Il y a deux raisons à cela. La première est
que s'approcher de la Fraternité exige de développer cette énergie ; sans
quoi les centres dorment, ce qui rend impossible la réalisation de
perceptions aussi subtiles. La coopération fraternelle se fonde sur ces
perceptions subtiles. La deuxième chose à se rappeler, c'est que tout le
monde n'a pas lu les écrits précédents, où l'on parle de l'énergie psychique.
Or, chacun des livres doit contenir les conditions fondamentales
nécessaires au progrès. Il serait cruel de ne pas faire, ne serait-ce que
quelques brèves allusions à un ouvrage antérieur traitant d'un sujet
inestimable.
Prêtons attention à chaque petite circonstance. Le mode de vie adopté
sur Terre rend difficile de faire la part entre le petit et le grand, entre l'utile
et l'inutile. Maintes perles ont été balayées avec la poussière. Si vous
remarquez que votre compagnon n'assimile que partiellement des principes
vitaux, aidez-le. Cette assistance, toute de patience, exprime une qualité
très importante pour la Fraternité.

        36. L'énergie psychique est appelée l'organe de la quatrième
dimension. Certes, cette dimension est relative, elle exprime seulement
l'état raffiné de toutes les impressions. Un grand raffinement permet de
comprendre les conditions sur-terrestres [ce qui dépasse le terrestre, tout
en étant aussi sur terre]. Mais si la quatrième dimension a trouvé place
dans la nomenclature, qu'il en soit ainsi – pour autant qu'on n'en revienne
pas à deux dimensions ! Ne nous opposons pas, non plus, à ce que l'énergie
psychique soit considérée comme un organe. Car la désigner ainsi est déjà
la reconnaître.

        37. N'oublions pas que dans l'ensemble, beaucoup ne comprendront
pas un seul mot de ce qui se rapporte à l'énergie psychique. Ils ne
l'accepteront pas, exactement comme celui qui, n'ayant jamais vu d'éclair,
ne le reconnaît pas ! Il se trouve ainsi des personnes qui ne comprennent
pas dans l'ensemble ce qu'est la pensée. Leur marque distinctive ne sera
pas l'analphabétisme, mais l'entêtement. De tels cadavres ne sont pas
rares !
Que les chercheurs en énergie psychique s'aguerrissent et s'habituent à
ce genre de pétrification. Leurs carnets de notes seront remplis
d'observations indiquant une évidente incapacité d'assimilation.

        38. Les hommes attendent des Messagers, mais s'effraient à la seule
pensée de leur arrivée. Si l'on demandait aux hommes sous quelle forme ils
aimeraient en voir un, on obtiendrait un étrange conglomérat, à la limite du
monstrueux : les plumes d'oiseaux ne seraient pas les dernières à figurer
sur la liste des attributs. Et quand on leur dit que le Messager est baigné de
Lumière ils prennent aussitôt des précautions pour ne pas être aveuglés.
En fait, les manifestations les plus ordinaires peuvent provoquer des
chocs. Une palpitation, par exemple, ne proviendra pas forcément de
l'inattendu, elle peut être provoquée par une inégalité d'auras. Pareille
tension peut être désastreuse ; c'est pourquoi les Messagers n'apparaissent
pas souvent. Ils ne viennent certainement pas pour tuer ; il faut donc
s'habituer progressivement à éprouver diverses tensions. Les chercheurs en
énergie psychique comprendront de quel exercice Nous parlons.
Outre les expériences sur l'énergie psychique, il importe de s'entraîner
à communier avec le Monde Subtil – et ce, sans avoir recours à la magie.
Tout ce qui est naturel doit être atteint par des méthodes naturelles. Ce
n'est que par la voie de l'expérimentation que l'on s'habitue à des tensions
d'intensités variées. L'attente elle-même constitue une préparation naturelle
ou, comme on l'appelle généralement, une discipline.
Qui se maintient en état de préparation active est déjà prêt à recevoir
le Messager.

        39. Les hommes ont peur des épreuves, ils redoutent les expériences,
mais ne peuvent imaginer tous les moyens possibles d'apprendre. C'est
encore la peur physique, la terreur de la chair, qui empêche d'adopter une
conduite rationnelle. Tout entraînement, toute discipline doit, par
conséquent, d'abord viser à vaincre la peur.

        40. Le concept de Fraternité repose sur de solides piliers. Il ne
comporte aucune restriction d'âge, de race ou d'humeurs occasionnelles.
En fait, ce qui importe avant tout, c'est l'énergie primordiale. Pour peu
qu'elle soit manifeste et que s'harmonisent les contacts avec elle, il
s'ensuivra la création d'un lien durable.

        41. Quel est le sentier naturel ? Apprendre de la façon la moins
limitée, avec patience et tolérance, sans esprit sectaire. Il n'est guère aisé
d'adopter une cognition non restrictive. Tout ce qui est lié aux activités
humaines est limité. Toute occupation coupe court, pour ainsi dire, à
maintes voies de communion. D'excellents esprits se sont retrouvés eux
aussi dans un tunnel étroit. La maladie de se limiter ne ressemble en rien
au sacrifice de soi l'homme se limite pour son propre confort. En fait, les
actions audacieuses pour une connaissance illimitée seront l'exception.
Malveillance et haine accomplissent leurs actions par étroitesse d'esprit.
Une action non restrictive implique de s'emplir de magnanimité et,
d'un œil bienveillant, de découvrir les causes et les effets. L'austérité du
labeur n'a rien de commun avec l'attitude du censeur. Seules les personnes
bornées condamnent. Le perfectionnement ne naît pas de la condamnation.
Comment rêver d'une connaissance illimitée tout en restant dans la
confusion ? Il est possible d'apprendre à tout moment et en tout lieu.
L'effort irrésistible attire les possibilités elles-mêmes. C'est uniquement
dans le mouvement que se trouve le sentier naturel !

        42. En vérité, il faut chercher ! Gardez à l'esprit qu'une petite étincelle
produit une grande explosion. Une seule pensée peut à la fois attirer et
repousser. Ceux qui gouvernent le mental des hommes sont eux-mêmes
souvent guidés. Quels sons creux peuvent étouffer la volonté humaine et
l'empêcher à jamais de suivre le sentier déjà tracé ?
Le bien n'entrave pas, le mal si. Souvenons-nous que de petites
étincelles produisent de grandes explosions.

        43. Ces préparatifs sont-ils nécessaires pour accéder à la Fraternité ?
Assurément, non seulement la préparation, mais également l'illumination.
Celui qui décide de se consacrer au Grand Service ne le regrettera-t-il
pas ? De la pusillanimité naîtra maintes pensées de confort et de
commodité. Peuvent même apparaître des sourires de regret. Comment,
dans ce cas, vaincre ces assauts sans illumination ?

        44. Accordons-nous sur le concept de repos. Autour de lui, se sont
accumulé une multitude d'interprétations fausses et nocives ! Les hommes
se sont accoutumés à croire que le repos est inaction, ce qui le transforme
en affaiblissement psychique. L'inaction corrompt fortement l'énergie
psychique. Toute immobilité spirituelle fatiguera, elle ne régénérera pas.
Les médecins prescrivent le repos, le calme, toutes formes
d'inactivités, croyant que vivre comme un moribond permet de reprendre
des forces. Ces mêmes médecins comprennent, pourtant, que
l'affaiblissement résulte d'une violation d'équilibre. Donc, le repos n'est
rien d'autre qu'équilibre. Celui-ci est une tension bien proportionnée
d'énergie. C'est le seul moyen de restaurer ses forces et de les accroître.
Peu importe que l'on trouve l'équilibre dans le désert ou dans la cité.
La principale exigence est une tension constante. Le sentier de la tension
est le sentier de l'effort, c'est-à-dire le sentier de la vie.
Le médecin incompétent déconseille de dépenser sa force, mais celleci
se dissipe par manque d'équilibre. L'équilibre, en vérité, est la meilleure,
l'unique panacée. Un usage judicieux d'air frais est digne de considération
en tant qu'adjuvant, mais cela ne requiert pas une longue période de temps.
Que le concept de repos soit bien compris pour manifester la
Fraternité. Faute de quoi l'on se perd dans une agitation sans but.

        45. De tous les phénomènes universels, les explosions incessantes
revêtent une importance particulière. L'homme, lui aussi, est le siège de
compressions et d'explosions d'énergie. Mais pourquoi les explosions
cosmiques sont-elles bénéfiques, tandis que les explosions humaines
mettent parfois l'organisme en péril ? La différence tient au fait que les
premières s'intègrent dans un grand rythme où elles trouvent leur équilibre,
mais les secondes précisément sont souvent dénuées de rythme.

        46. Tout est relatif, mais impossible de comparer l'harmonie de
l'univers et le libre arbitre de l'humain. Car, mal utilisé, ce don bienfaisant
entraîne de graves conséquences. On a beaucoup parlé de l'importance de
l'homme dans le Cosmos, mais cette vérité doit être répétée sans cesse –
tant l'homme, souvent, néglige de réfléchir à sa destinée.

        47. Autrefois, il y avait un jeu dans lequel les participants essayaient
de provoquer la colère des autres. Celui qui se mettait en colère le premier
avait perdu.

        48. Une vigilance constante est souvent soulignée, mais elle est si
rarement comprise ! D'habitude, on l'exigera de son entourage, mais on ne
la cherchera pas en soi-même. Alors que l'on devrait tout d'abord accorder
son propre instrument. C'est alors seulement que l'on devient réceptif. Estil
possible de rechercher coopération et Fraternité sans réceptivité ? Les
conseils les plus précis se brisent contre l'armure de la négation.
Le temps viendra où les médecins découvriront les conditions les plus
propices à l'action de l'énergie psychique. Ne supposez pas que celle-ci
agisse de manière identique sous n'importe quelles conditions. Tout
comme il y a des gens sur qui les poisons les plus violents n'ont aucun
effet, l'énergie psychique est assimilée de manières diverses. Si l'homme
ne développe pas sa réceptivité, il perdra l'appareil le plus précieux. Pour
être réceptif, il faut établir une vigilance constante. Cette qualité n'exige
rien de surnaturel, il suffit d'être attentif.

        49. Parmi les incarnations humaines d'un individu, il s'en trouve
invariablement une consacrée au travail rythmique. Que ce soit en
pratiquant une sorte d'artisanat ou de la musique, en chantant ou dans un
travail agricole, tout homme cultivera infailliblement en lui-même le
rythme qui emplit de vie toute chose. En prenant connaissance de certaines
incarnations, les hommes s'étonnent souvent de leur apparente
insignifiance. En elles, s'élaborait le rythme du labeur. C'est l'une des plus
grandes qualités à acquérir, au travers des conflits et avec patience.

        50. Pour aimer le travail, il faut le connaître. De même, l'homme ne
prend conscience du rythme que lorsqu'il l'a absorbé dans sa propre nature.
Sinon l'ignorance se dressera contre les mesures légitimes et la constance
dans la discipline. A de tels ignorants, le concept même de Fraternité
apparaîtra comme une insupportable utopie.

        51. La Fraternité est une expression sublime de mutuelles relations
humaines. Elle permet de prendre librement conscience de la Hiérarchie.
Précisément, celle-ci ne peut être imposée. Elle ne prend vie que par une
réalisation volontaire. On ne saurait l'accepter au terme de considérations
astucieuses : car une situation aussi fausse se termine en effroyable
dissolution. La reconnaissance de la Hiérarchie s'accompagnera de joie,
mais toute contrainte et tout mensonge sont porteurs de douleur.
Il n'y a pas si longtemps, de telles discussions auraient été prises pour
des abstractions moralisantes, mais lorsque l'énergie psychique sera
appréciée, les qualités humaines deviendront des grandeurs scientifiques.
N'est-il pas attrayant de pouvoir établir une échelle de qualités sur une base
expérimentale ?

        52. Il est incorrect de dire que la croissance des plantes se fait selon un
mouvement rotatoire. Il est plus exact de parler de mouvement en spirale.
La rotation est comprise comme un parcours achevé, alors qu'aucune spire
ne saurait être la dernière, puisqu'elle se déplace en avant.
Partant des plantes, ce genre d'expériences pourra s'étendre à
l'observation de projectiles variés ; finalement, en observant les essors de
la pensée, il sera possible de se convaincre que tout mouvement s'effectue
en spirale. Cette considération est utile dans l'étude de l'énergie psychique.

        53. Des communications sur une base scientifique peuvent-elles être
altérées et devenir contradictoires ? Certes, les principes fondamentaux
sont inébranlables, mais il peut y avoir fluctuation chez ceux qui les
reçoivent. Il ne faudrait pas voir dans cette non-conformité une faiblesse
des principes fondamentaux. N'est-il pas mieux d'en chercher la raison
dans notre manque de compréhension ? Seule, une conscience élargie
aidera à établir une compréhension claire, sinon la lettre la plus
transparente sera mal interprétée.
Toute instabilité est inadmissible.

        54. Comparons le schéma des actes de bonne volonté et de gratitude
aux graffiti de la malveillance et de l'envie. Dans le premier cas, vous
obtiendrez un beau cercle, dans le second des gribouillages hideux. Malgré
une forte tension, la méchanceté trace des lignes désordonnées. Une
structure aussi peu harmonieuse trahit le fait que l'on rabaisse les bases de
la création. Le mal interdit toute création ; il produit des convulsions
temporaires, puis tombe dans la folie et finit par se consumer.
Mais le cercle de la magnanimité est magnifique il est comme un
bouclier de Lumière. Il peut grandir et s'approfondir en un mouvement
harmonieux. Les recherches sur l'énergie primordiale montrent de manière
instructive qu'il a été donné à l'homme le pouvoir de distinguer clairement
entre les qualités positives et négatives. Certes, les gens ont déjà beaucoup
entendu parler de la relativité du bien et du mal. Mais l'impulsion de base
ne trompe pas. Impossible de contrefaire les descriptions de l'énergie
psychique ; elle indique la nature profonde des choses.

        55. Impossible de douter des tracés de l'énergie psychique. En tant que
force primordiale de l'acte de connaissance, elle empêche de prendre une
humeur passagère pour l'essentiel. Réfléchir à son importance revient, pour
ainsi dire, à la pomper de l'espace.
L'aimant de la pensée attire de très précieuses particules d'énergie
psychique. Apprenons à aimer celle-ci. Reconnaissons-en la présence
constante. En aucune façon, penser ainsi n'est facile. Il faut beaucoup de
patience pour la protéger de l'attaque de tous les courants déchaînés de
l'espace.

        56. Patience, patience, patience !... Que ce ne soit pas là un son creux,
qu'elle nous protège sur tous les chemins. L'impression d'avoir épuisé
toutes les forces est une illusion des plus dangereuses. Les forces sont
inépuisables, ce sont les hommes eux-mêmes qui essaient d'en couper le
flux.
Ainsi donc, le sentier de la Fraternité requiert une grande patience.
Cette même puissance de la pensée doit s'appliquer pour approcher la
conscience des trois mondes.

        57. La vraie famille est le prototype de la vie communautaire. Elle
personnifie la coopération, la Hiérarchie et toutes les conditions
caractérisant la Fraternité. Mais ces familles sont extrêmement rares, et il
est donc impossible de dire à chacun que la famille est le symbole de la
Fraternité. On peut répliquer : "la famille n'est-elle pas symbole
d'hostilité ?" tant les hommes ont pris l'habitude de ne pas respecter le
foyer. Par conséquent, en ce qui concerne l'éducation, accordons une
attention toute particulière à la vie familiale. Impossible de penser à
construire l'État sans construire la famille.
Quelle conception peut-on avoir de la Fraternité si l'on ne ressent
point toute la dignité de l'État et du foyer ? Aucun décret spécifique ne
restaure ce sentiment s'il a été effacé ! Son implantation doit,
nécessairement, commencer par l'éducation, par la reconnaissance de la
valeur d'une vaste connaissance et d'études scientifiques rigoureuses. Alors
seulement, les hommes peuvent retrouver le sens de l'humain.
C'est sur cette qualité d'humanité que se fondera la compréhension de
la Fraternité.

        58. L'austérité même du travail peut acquérir sens et beauté, en
éliminant tous les effets avilissants et en introduisant le concept de
coopération. Rappelons-nous que la grossièreté est contraire à toutes les
lois de la nature. Toute action grossière génère un tourbillon hideux tel
qu'il suffirait aux hommes de le voir pour qu'ils apportent plus de soin à
leur conduite. Le karma de la grossièreté est extrêmement lourd.
L'élargissement de conscience rend particulièrement sensible à toute
forme de grossièreté. Ce qui confirme qu'elle est inadmissible.

        59. Nombre d'auditeurs préféreraient sans doute entendre parler
beaucoup plus tôt de la Fraternité Elle-même ; mais qu'ils abandonnent
d'abord leur curiosité et ces habitudes qui sont autant d'obstacles. C'est
avec dignité qu'il est possible d'entrer. La première nécessité est donc de
vérifier la compréhension de diverses attitudes, car il ne convient pas de
confier des objets de valeur à la garde de quelqu'un dont on suppose qu'il
les revendra au lieu de veiller soigneusement sur eux. Qui veut apprendre
ne se lassera pas du sentier de la connaissance.

        60. Nous fortifions chez ceux qui Nous écoutent toutes les qualités
nécessaires sur le sentier de la Fraternité. Il ne suffit pas, cependant, d'en
posséder quelques-unes isolément ; il faut aussi les réunir en une
combinaison parfaite. La symphonie des qualités ressemble à celle des
sphères. Si l'une croît en beauté tandis que d'autres restent en friche, il en
résulte une dissonance destructrice. La dissonance peut affaiblir, irriter,
voire détruire. L'équilibre des qualités ne s'obtient que par une grande
tension de la conscience. Le berger doit prendre soin de son troupeau ;
l'être humain doit, de la même façon, soigner une qualité en souffrance, car
chacun sait précisément laquelle de ses qualités le fait souffrir. La vie, en
effet, lui fournit l'occasion d'éprouver toute qualité quelle qu'elle soit et
chaque jour lui offre la possibilité de mettre en pratique chacune d'entre
elles. Prétendre ne pas avoir eu l'occasion d'appliquer ses meilleures
qualités révèle la médiocrité. D'autre part, se réjouir de ces occasions
révèle l'expansion de la conscience. Survient ensuite l'étape de la joie, qui
jaillit de la beauté de la symphonie des qualités.

        61. Les expériences sur l'énergie psychique montreront à quel point
une telle symphonie élargit le cercle bienfaisant. Des observateurs
entraînés percevront aisément la corrélation des qualités et de l'énergie
psychique ; une telle comparaison sera incompréhensible à l'ignorant. Pour
le long voyage, rassemblons autant de qualités que possible. Que chacune
soit portée à son plus haut degré de perfection !

        62. N'oubliez pas que chaque découverte est suivie de celle de son
antithèse. Vous avez appris comment une transmission de radio a été
interrompue sur de vastes étendues. Cela montre que même une
découverte de cette importance est assujettie à certaines contraintes.
Certains rayons rendent les objets invisibles, d'autres passent au travers des
corps solides. Seules la pensée et l'énergie psychique sont absolument
libres de toute entrave.
L'humanité doit choisir les sentiers les plus fermes. Toutes les
découvertes mécaniques démontrent simplement le besoin de puissance de
l'homme. Montrons-nous pleins de sollicitude pour tous ceux qui apportent
à l'humanité le meilleur de leurs forces. Et soyons reconnaissants envers
les Frères qui, inlassablement, apportent la réalisation de l'énergie
psychique. Ce sentier exige beaucoup d'abnégation, car l'ignorant ne
supporte pas les chercheurs de trésors inaltérables. Le meilleur chemin luimême
ne met pas à l'abri du vol. Heureusement, les Porteurs de trésors
invisibles sont invulnérables.

        63. On a dit que la vertu brille d'une aura arc-en-ciel. L'arc-en-ciel est
le symbole de la synthèse. La vertu ne se révèle-t-elle pas être synthèse de
qualités ? Chaque symbole ancien révèle une vérité indiscutable. Les
hommes ont compris que la vertu ne consiste pas simplement à faire le
bien, mais que seules les tensions harmonisées des meilleures qualités
fournissent la synthèse de l'ascension. Ils ont su, également, que seul le
motif affirmera la vertu. Les actes extérieurs ne peuvent témoigner des
intentions. Les expériences avec l'énergie psychique révéleront dans quelle
mesure il faut distinguer l'acte de son motif. Aucun mot ni aucune action,
si brillants soient-ils, ne sauraient cacher l'intention. Maints exemples
historiques peuvent être cités où un mobile indigne a rendu injustifiables
des actes pourtant utiles. D'autre part, nombre d'actions qui demeuraient
inexplicables et suspectes se sont avérées être le fruit de motifs d'une
splendeur rayonnante. Ces preuves de l'essence de la vie confirment
l'énergie primordiale.

        64. L'approche d'un concept aussi sublime que celui de Fraternité
impose une lourde obligation, comprenez-le. Se défaire d'une habitude
mesquine, quelle qu'elle soit, exige de tendre la volonté Bien plus, il arrive
parfois qu'une habitude apparemment abandonnée resurgisse plus forte
qu'auparavant ; cela signifie que ce défaut perdure dans les profondeurs de
la conscience.
La question peut se poser : "Les habitudes se poursuivent-elles sur
plusieurs incarnations ?" Elles resteront, voire se développeront, si le
séjour dans le Monde Subtil ne s'est pas passé dans les sphères supérieures.
L'importance du motif est toujours décisive. C'est pourquoi il est le guide
lors du passage dans le Monde Subtil. Ce n'est pas l'intention apparente,
mais celle dont l'excellence vient du fond du cœur, qui sera belle, plus
belle que les actes les plus illustres. L'homme est le seul à connaître
comment tel ou tel sentiment a pris naissance en lui. Il peut intérieurement
en suivre le processus de croissance. Chacun porte donc en lui son
meilleur juge.
Que l'homme se souvienne, même dans l'existence terrestre, il lui est
donné un témoin impartial l'énergie primordiale.

        65. La sévérité n'a rien à voir avec la cruauté. Mais les hommes ne
savent distinguer l'harmonie de la sévérité et les spasmes de la cruauté. La
première est un attribut de la justice ; la seconde est misanthropie. De la
cruauté, nul chemin ne conduit à la Fraternité. La sévérité a pour
expression un cercle, la cruauté est signe de folie. Ne la prenez pas pour
une maladie : elle est simplement, tout comme les paroles grossières, la
marque d'un vil caractère.
Dans l'Etat, la loi devrait interdire ces deux sombres rejetons. Dans les
écoles primaires, doivent être établis les principes qui feront ressortir le
caractère inacceptable de ces deux défauts particulièrement bas.

        66. Collaborateurs et messagers peuvent être conscients ou
inconscients. On considère un honneur d'être chargé d'une mission, mais
les collaborateurs inconscients ignorent habituellement qu'ils ont été
inspirés. Ils agissent selon un ordre qui leur est inconnu, transmettant
quelque chose ou prévenant quelqu'un, mais eux-mêmes ignorent où
commence et où finit leur mission. De tels messagers sont légion. Ils se
distinguent selon leur état, mais néanmoins sont éphémères. Il existe
également certaines missions particulières, d'une nature silencieuse, dont le
but est d'exercer une influence, non par la parole mais, précisément, par le
silence.

        67. Un regard fixe et silencieux avertit parfois de grands dangers La
pensée se passe de parole, et la suggestion de mots. Seuls les hypnotiseurs
maladroits essaient d'exercer une influence en criant fort ou de l'accroître
avec les mains, mais aucun de ces deux expédients n'est nécessaire à la
transmission de pensée. La respiration régulière est plus utile ; elle aussi se
remplace par le rythme du cœur.
La pensée est émise par le cœur, elle est aussi reçue par le cœur.

        68. Ceux qui attendent un message peuvent se répartir en deux
catégories. La minorité sait attendre, alors que la majorité ne comprend pas
ce qui se passe et exerce même une influence nocive. Ils abandonnent leur
travail, ils emplissent l'espace de leurs plaintes, ils gênent leur entourage.
Inconsciemment, ils se considèrent comme des élus et se mettent à porter
sur autrui des jugements arrogants. Une piètre connaissance engendre de
grands dommages, moins cependant qu'une conscience pétrifiée. Ce genre
d'individu devient un foyer de doute et de confusion. Il perd le rythme du
labeur en répandant la confusion. Ces personnes font obstacle à la
diffusion des connaissances. Elles désirent recevoir, à titre de récompense
personnelle, les nouvelles les plus récentes ; ces usurpateurs sont d'une très
faible utilité. Tenez compte de ces êtres faibles, n'y manquez pas : ce sont
des nids de trahison. Rien ne saurait mettre un frein à leurs intrigues.
Rechercher ces bonnes nouvelles ne justifie aucun acte de destruction.
Rares sont ceux qui savent attendre les messages avec une totale
magnanimité, en travaillant et au milieu des difficultés ; ce sont ces
collaborateurs qui deviennent des frères.

        69. On ne saurait tenir pour authentique tout ce qui a été écrit sur la
Fraternité. Elle a souvent été confondue avec les représentations que l'on
se fait du Monde Subtil ; un grand nombre de rêves personnels se mêlent à
la réalité. De nombreuses légendes font état de races et de continents qui
n'existent pas. Qu'une notion les séduise, et les hommes lui attachent de
nombreux détails, sans se soucier de savoir s'ils appartiennent au même
genre et à la même époque. Une piètre imagination amoindrit souvent ce
qu'elle voudrait glorifier.

        70. Juste est le sentier qui relie le petit au grand. Toute graine le
confirme. Mais les hommes prennent souvent le petit pour le grand, et
s'imaginent qu'une pièce de monnaie peut cacher le soleil.

        71. L'exorciste chasse les maladies, mais c'est seulement depuis peu
que l'on commence à comprendre que l'exorcisme n'est que suggestion.
Comme on peut le remarquer, les exorcistes prononcent des paroles
incompréhensibles et dépourvues de sens, pourtant, peu réalisent que
l'efficacité ne réside pas dans la signification supposée des expressions
employées mais dans leur rythme, et surtout, dans les pensées qui sont
émises.
La suggestion permet non seulement de prévenir la douleur, mais
aussi de modifier radicalement l'évolution d'une maladie. C'est là,
cependant, un fait rarement admis dans la mesure où, jusqu'à présent, les
hommes ont beaucoup douté de l'influence de la pensée. La stagnation de
conscience provient de la même source, à savoir le manque de confiance.
Les hommes s'empoisonnent de par leur incroyance. L'antique sagesse a
enregistré maints exemples de grande confiance et aussi de destructions
dues à la défiance. Lorsque Nous parlons de coopération, et même de
Fraternité, Nous devons raviver la confiance ; sans elle, aucun rythme ne
se crée ; sans elle, toute entreprise est vouée à l'échec ; sans elle, aucun
progrès n'est possible. Ne croyez pas que Je répète une chose trop connue.
Au contraire, comme à l'heure du danger, Je souligne un moyen de salut. Il
n'est pas d'autre façon d'éveiller l'énergie psychique. Il n'est pas d'autre
sentier sur lequel le cœur puisse rayonner de victoire. Difficile d'éviter la
lassitude si les ténèbres emplissent le cœur.

        72. Les meilleurs conseils peuvent rester aussi morts que des feuilles
d'automne. Réaliser l'utilisation importante de l'énergie psychique dans la
vie peut seul attirer l'aide du Guide. Des mots vides ne mènent pas à la
Fraternité.

        73. A une heure de confusion, le silence est le meilleur ami. Mais que
ce calme ne soit pas le morne repos de la méchanceté. Apaisons le rythme
du cœur, ne serait-ce qu'un instant. Retrouvons le calme de l'énergie
psychique ; il renforcera le travail des centres : illuminés mais sans
inflammation.

        74. "La cité est complètement fortifiée, ses murailles et ses tours sont
solides ; à chaque portail veille une sentinelle. Aucun ennemi ne pourrait
pénétrer dans la place. Toutefois, gardes, soyez vigilants. Que les traits de
l'ennemi ne vous surprennent pas. Car il a tracé sur ses flèches des
inscriptions spéciales destinées à détourner l'attention des sentinelles et à
semer la confusion dans leur esprit, laissant ainsi les portes sans défense."
Ainsi un certain Mystère décrivait l'état de l'énergie psychique lorsque la
confusion envahit l'esprit.
Qu'elles s'expriment par des images poétiques, par des symboles, des
hiéroglyphes, en termes médicaux ou par un ordre sévère – toutes ces
formes d'expression indiqueront également l'importance de l'énergie
primordiale. On employait souvent, dans les Mystères, des symboles
protégeant l'esprit de la confusion nocive. Il est possible d'accroître
grandement l'énergie psychique, mais la moindre confusion ouvre les
portes au plus dangereux ennemi. A l'heure de la consternation, il importe
donc de savoir évoquer un calme même momentané Cela, et ne serait-ce
qu'une bouffée de prana, forgent un bouclier solide.
Le médecin doit étudier soigneusement les anciens symboles. Lorsque
les récits bibliques parlent de fléaux, on peut comprendre que l'esprit
dépressif admet les plus effroyables contagions.

        75. Comprenez que lorsque l'on parle du bien, l'on présuppose une
action juste. Toute action juste génère des résultats positifs. Mais si, tout
en discourant brillamment sur le bien, on accomplit un acte médiocre, il
n'en résultera que du mal.
On parle beaucoup du bien, et l'on fait beaucoup de mal.

        76. Les hommes croient qu'une pièce de monnaie jetée à un mendiant
suffit à expier un meurtre ! Tant que la comesure ne sera pas réalisé, on ne
parviendra à aucun équilibre. De même, le meurtre de l'esprit comme celui
du corps n'est pas compris. Où la Fraternité se manifesterait-elle, si l'on
pouvait impunément tuer l'esprit ? Cela n'est même pas considéré comme
un crime.

        77. Le courage grandit avec le développement correct de l'énergie
psychique. Comprenez celui-ci comme une croissance naturelle. Que
chacun augmente donc sa réserve de courage, cela équivaut à ouvrir une
fenêtre.

        78. Le sentiment de satisfaction est destructeur. Il conduit à la satiété
et à la paralysie de l'énergie. Cette paralysie coupe court au peu qu'ils ont
réussi à accumuler au long de leur vie terrestre et le Monde Subtil montre
l'état pitoyable de ces paralytiques. Ombres errantes, ils ne sauraient
parvenir à quoi que ce soit car, sans énergie, impossible d'avancer. Qui a le
destin le plus lugubre, ces paralytiques ou ces malveillants remplis de
haine ? La question peut vous être posée, la réponse est difficile. Ceux qui
haïssent peuvent souffrir, et ainsi se purifier ; mais les paralytiques, ayant
cessé d'utiliser l'énergie, s'interdisent tout progrès. Ne vaut-il pas mieux
souffrir beaucoup, tout en gardant la possibilité d'avancer ? Les tourments
purificateurs valent mieux qu'une dissolution sans espoir. La haine peut se
transformer en amour, mais la paralysie est la terreur de la nuit. Ces
destructions désespérées ne sauraient mener à la Fraternité. La paralysie
d'un membre séparé peut être surmontée par la volonté, mais si l'énergie de
base est elle-même inactive, comment exécuter un ordre ? Un grand
nombre de ces cadavres vivants sont en circulation.

        79. Il est utile d'observer comment se comportent les personnes sous
suggestion, qui nient violemment la possibilité d'une telle influence.
Parfois, par malveillance, un individu déclare que sa conduite est en
accord avec ses propres buts, bien qu'il agisse sous une suggestion directe.
Il transmet des pensées qui ne sont pas les siennes et fait usage
d'expressions qui lui sont étrangères, tout en essayant, par malice, de se les
attribuer. Sachant d'où émane une suggestion, on peut savoir s'il y a
distorsion intentionnelle ou non.
Tout ce que crée la malice est sombre et instable.

        80. Habituellement, le retour en un endroit déjà connu provoque une
certaine tristesse, le ressenti de quelque chose d'inachevé Et cela est vrai.
Dans l'Infini, il faut toujours percevoir quelque chose de pré ordonné.

        81. Le livre sur la Fraternité comportera deux parties. La première,
concernant ses fondements, sera donnée maintenant. La seconde, se
rapportant à sa vie intérieure, Nous l'enverrons à ceux qui accepteront ces
fondements.

        82. Les rêves et les souvenirs composites représentent à eux seuls
l'objet de toute une science. Ils se mêleront parfois de fiction, leur analyse
fait ressortir des séries entières d'épisodes tout à fait réels. Lorsque les
hommes parlent d'une chimère, réfléchissez que la combinaison de
certaines parties du récit peut être artificielle alors que chacune d'elles peut
être entièrement crédible. En outre, l'ordre dans lequel s'effacent les
souvenirs d'une personne renseigne précisément sur son caractère.
Les souvenirs les plus anciens créent parfois des schémas complexes
provenant d'époques variées. Parmi ces souvenirs figurent les rencontres
les plus disparates, fréquemment celle d'un Frère. Mais ces rencontres
peuvent être éclipsées par des détails provenant d'autres périodes. Non
sans raison, il a été dit que chacun constitue en lui-même une mine
d'informations complexe. Il faut un grand brasier pour en éclairer tous les
recoins obscurs.

        83. On parle beaucoup des formes-pensées, mais toutes les pensées ne
sont pas revêtues d'une forme. Il existe de la poussière mentale qui, n'ayant
pu se condenser en une formation, se mêle à d'autres nuages de poussière
semblable. Ces ordures peuvent nous faire éternuer.

        84. Ceux qui parlent des formes-pensées se soucient rarement d'affiner
et d'élever ces formations. Pourtant, même l'autosuggestion pourrait les y
aider. Il a été dit, il y a déjà longtemps, que les pensées se propagent dans
l'espace ; ce qui implique qu'elles doivent être formées. Des nuages de
poussière ne peuvent servir à une émission.

        85. Bonheur ou tourment du penseur ? On représente généralement
celui-ci en souffrance ; mais qu'on lui demande s'il désire être délivré de
ses angoisses, nul doute qu'il refusera. Car dans le tréfonds de sa
conscience, il éprouve un grand bonheur – le fait de penser constitue une
jouissance supérieure. Il n'y a que deux jouissances réelles penser et
l'extase devant la beauté. Ce sont ces deux manifestations qui affirment le
sentier menant au Monde de Feu. Elles seules permettent à l'homme
d'avancer vers les sphères sublimes. La communion supérieure contiendra,
elle aussi, ces deux éléments de base. Il est donc absurde de parler des
tourments du penseur ou du créateur ! Il y a non pas douleur, mais
réjouissance. Cependant les hommes comprennent la joie de manière si
singulière ! Pour certains, elle consiste à ne pas penser et à ne rien faire !
Le sentier de la Fraternité passe par la pensée et le travail.

        86. La miséricorde n'est pas un concept facile, et seuls ceux qui voient
loin peuvent en examiner les effets. Lorsque la magnanimité incite :
"vis !", cette injonction ne sera pas difficile. A ce moment précis, la
destruction a pu approcher, mais celui qui voit loin a compris que le positif
dépasse le négatif. Pour le myope une telle miséricorde est inadaptée, pour
celui qui voit loin elle est une flèche plantée dans la cible.

        87. Le chemin de la Fraternité comporte de nombreux signes. Il est
long et toutes les provisions sont utiles. Qui ose affirmer que telle ou telle
qualité ne lui sert à rien ? Il peut s'avérer justement que la plus négligée
sera de toute première nécessité.

        88. Le Fardeau du Monde. Deux disciples discutaient pour savoir quel
était le symbole le plus approprié à cette notion. L'un penchait pour l'or,
l'autre suggérait que le marbre blanc serait préférable. Tous deux
s'accordaient un fardeau, signifiant un poids, ne saurait être mieux
représenté que par de la pierre. Mais l'Instructeur observa "La plus petite
semence correspond au concept de Fardeau du Monde".

        89. Evitez de parler abondamment des mondes lointains à ceux qui,
dans leur existence terrestre, ne peuvent comprendre leur propre destinée.
Ils perdraient le peu d'initiative qu'ils ont, sans tirer aucun profit du règne
de la connaissance supérieure. Observez très attentivement ce que peut
assimiler un homme. On ne commence pas un dîner par le dessert ; il est
particulièrement nocif de donner une nourriture indigeste. Il est d'autant
plus important de développer en soi la faculté d'attention. Les auditeurs ne
doivent pas s'ennuyer car l'ennui est stagnation.

        90. Les hommes aspirent volontiers à une Fraternité toute faite. Mais
qu'on les avertisse que toute querelle y est interdite, beaucoup perdront de
leur enthousiasme. Demandez-leur comment ils se L'imaginent. Vous
trouverez nombre de conditions mineures qui semblent particulièrement
importantes à leurs yeux. Un enquêteur en fut, un jour, si étonné qu'il finit
par s'exclamer : "Peut-on faire tant de cas du désordre !"
En vérité, les hommes ignorent tout des lois immuables de la nature.

        91. A l'heure la plus difficile, les hommes peuvent encore s'occuper
d'affaires ordinaires. Ils révèlent si souvent leur manque de compréhension
des événements, c'est étonnant. Répéter que l'heure est importante ne sert
de rien : la réalisation ne frappe pas à la porte du cœur. N'attendons pas de
prévisions, mais une prémonition est parfaitement naturelle. Pourtant les
hommes les rejettent, car nul ne leur a parlé de l'énergie primordiale.
Ainsi, ils réussissent dans une entreprise et se retirent d'une autre non
moins précieuse.

        92. Le travail que l'on déteste est non seulement un supplice pour celui
qui y est astreint, il empoisonne également tout son environnement. Le
mécontentement du travailleur lui interdit d'y trouver la moindre joie, et
même d'améliorer la qualité de son œuvre. Bien plus, l'impéril, né de son
irritation, redouble ses mornes pensées, effet fatal pour sa créativité. La
question précise peut surgir : que faire si chacun ne trouve pas un travail
correspondant à sa vocation ? Sans aucun doute, beaucoup ne peuvent
exercer le métier qu'ils voudraient. Il existe un remède pour pallier ce
fléau. Les découvertes scientifiques montrent qu'au-delà de la routine
quotidienne se trouve un domaine de beauté, accessible à tous : la
réalisation de l'énergie psychique. Des expériences à ce sujet montrent que
les fermiers en possèdent souvent une bonne quantité. Maints autres types
de travail aident à la conserver. Par conséquent, il est possible de trouver,
au sein des occupations les plus diverses, la force de s'élever.

        93. Tout est possible. Seule la dépression de l'esprit peut chuchoter
qu'une chose ne l'est pas. Chaque avancée de la science, loin de poser des
limites, offre, au contraire, une nouvelle possibilité Si, du point de vue
terrestre, quelque chose paraît impossible, elle peut être tout à fait
réalisable, pour peu que soient appliquées les énergies subtiles. Le visage
d'un homme se modifie, selon la source de lumière qui l'éclaire ; l'éclairage
peut même modifier ses traits au point de le rendre méconnaissable, et
révéler de lui une expression insolite. Il y a tant de rayons, de courants et
d'influences diverses, qui peuvent transformer l'existant.
N'est-il pas encourageant de réaliser que tout est possible ?

        94. Celui qui n'a pas à faire face à des attaques est dans une triste
situation. Cela signifie que son énergie est très faible et ne parvient pas à
provoquer de réaction. Seul l'incompétent regrette ces attaques. L'obésité
nage dans la graisse de l'inaction. A quelle fertilisation peut servir cette
graisse ? Ses émanations attirent des entités indésirables. L'effort vigilant
est plus utile : il préserve une protection adéquate pour les nerfs. Que la
minceur, toutefois, ne dépasse pas le point d'équilibre !

        95. Toute manifestation est multiforme. Il serait particulièrement
erroné de croire que l'une d'elles ait un seul effet. Autour de chaque acte,
peuvent s'observer maints secteurs différents qui exercent une influence et
qui sont influencés en retour. Assimilons le fait que la sphère de chaque
action est beaucoup plus vaste que ne peut le définir le raisonnement
terrestre. Ainsi, par chaque acte, chaque pensée, les hommes contactent
plusieurs sphères. Les pensées, ne l'oublions pas, empiètent infailliblement
sur le Monde Subtil Elles n'arrivent pas toujours claires, mais elles créent,
en tout cas, une certaine perturbation énergétique. Tant de courants se
réfractent dans l'espace qu'il est impossible d'appeler une action humaine
un simple réflexe musculaire. Accoutumons-nous donc à la complexité des
effets.

        96. Un jour, un artiste, voulant représenter la pensée, ne parvenait pas
à trouver de symbole qui lui convînt. Un philosophe lui proposa une
formation nuageuse, parce que la pensée demeure dans l'espace. Un autre
penseur était d'avis qu'un ciel étoilé conviendrait mieux. Un troisième
suggéra que l'éclair illustrerait bien l'austérité de la pensée. Un quatrième
proposa de laisser la toile blanche : les yeux terrestres, en effet, ne peuvent
cerner une pensée et toute forme serait trop grossière pour représenter
correctement la lumière de l'énergie.

        97. Le ciel étoilé fournit le meilleur moyen de sortir des conditions
terrestres. L'Infini, en effet, peut adombrer les accumulations réalisées sur
terre. Seule la radiance des mondes lointains est capable d'éradiquer la
terreur terrestre.

        98. Ne concluez pas trop vite ! D'ordinaire, les hommes se précipitent
et enchevêtrent ainsi le fil des effets.

        99. Fraternité ou coopération ? Impossible de tracer une frontière nette
entre elles. Alors que les hommes désirent que les concepts soient
clairement séparés, chacun d'eux s'intègre dans un large réseau conceptuel
qui l'enrichit. La coopération sera, pour ainsi dire, le seuil de la Fraternité ;
par conséquent, protégeons les abords de la Forteresse de l'Esprit.

        100. L'effondrement de la famille et du foyer ne sera pas l'affaire de
mots ou d'actes, ce sera le fait de la pensée. C'est en silence que se sapent
les fondations. Sans même s'en apercevoir, ce sont les hommes qui en
fomentent la dissolution. Rares sont les foyers dans lesquels s'accomplit un
labeur mutuel dans une compréhension totale. Chacun de ces foyers est
une étape vers la Fraternité.

        101. Un palefrenier ayant exprimé à son maître le souhait d'élever une
race particulière de chevaux, celui-ci répondit : "Votre idée est excellente,
mais commencez par mettre de l'ordre dans l'écurie." Un écrivain apprécie
beaucoup que ses pensées soient utiles et non lues à la légère,
superficiellement. On pourrait citer maints exemples, puisés en divers
domaines, pour rappeler ce qu'est le service qui, par essence, est
méthodique. Le même caractère ordonné doit s'appliquer lorsque se
façonne la pensée sur la Fraternité.

        102. Comptons les heures où nos efforts pour accomplir notre tâche
ont abouti. Le service ne consiste pas à accroître le bonheur ordinaire, mais
à faire du bien à l'humanité. Accepter les personnalités individuelles peut
être difficile, mais le visage de l'humanité tout entière sera acceptable.

        103. Comment concilier le libre-arbitre avec les influences dont on a
tant parlé ? Le libre-arbitre existe, nul ne le niera, mais il se conforme
rarement aux pensées et aux actions des Forces Sur-terrestres [ce qui
dépasse le terrestre, tout en étant aussi sur terre]. Le fait est que la volonté
peut s'harmoniser aux Forces Supérieures, elle peut aussi être chaotique et
aller à rebours de la construction. Il est déplorable que la volonté chaotique
prédomine parmi les hommes. Elle ne s'améliore pas avec l'éducation
formelle. Le libre-arbitre est une prérogative de l'homme mais, sans
harmonie avec les Forces Supérieures, il devient source de malheur.

        104. Bien que l'on ait beaucoup parlé des ravages causés par le
psychisme inférieur, l'ignorant confond encore cet état avec la croissance
naturelle de l'énergie primordiale. Si nous entendons parler d'une
confusion entre psychisme inférieur et énergie psychique, nous saurons, en
rencontrant pareille ignorance, qu'il est inutile de tenter de les persuader du
contraire. Pressentons où se trouve la Source qui sature notre réserve
d'énergie. Sachons apprécier ce Trésor.

        105. On rencontre, dans d'antiques traités, l'expression "âmes
paralysées". Il y est expliqué que cette paralysie n'est causée que par soimême.
Dès qu'un homme s'imagine qu'il ne lui reste plus de sentier sur
lequel avancer, il bloque son énergie primordiale. Avec de telles entraves,
il s'interdit tout progrès. En s'interrompant, il prend une lourde
responsabilité Cela ne peut se justifier par le découragement car, bien sûr,
ce sombre fantôme est généré par sa faiblesse de volonté. S'étant logé dans
l'esprit, ce spectre mine gravement la santé. Il n'a pourtant rien de réel. Si
les hommes étudiaient les véritables causes de désespoir, elles
apparaîtraient nettement sans aucun fondement. Si le concept de Fraternité
était proche des gens, combien de désespoirs sans cause se dissiperaient !
Mais ils préfèrent couper court à leur progression plutôt que de réfléchir
aux bases réparatrices. Les auteurs des anciens traités avaient de bonnes
raisons de parler "d'âmes paralysées".

        106. En tout art, on découvre comme il est difficile de guider ceux qui
font preuve de mauvaise volonté. Non seulement une volonté inamicale,
voire tout simplement, de l'inertie ! Car la mauvaise volonté rejette maintes
possibilités déjà façonnées. Ce genre de situation ne s'observe pas
seulement dans les événements importants, elle affecte toute la structure de
la vie.

        107. Fréquemment, un négateur affirmera qu'il n'exerce aucune
influence. Dans un cas de ce genre, la Fraternité peut se montrer d'un
immense secours. Y faire appel permet en effet d'approcher un être humain
par une voie inhabituelle. Tel un médecin, Elle peut agir sur une volonté
hostile. A la condition indispensable, cependant, que son concept soit
assimilé. Est-ce souvent le cas ?

        108. Qui serait satisfait de recevoir la moitié d'un vêtement au lieu du
vêtement entier qu'il attendait ? Ainsi en va-t-il de la coopération. Si, au
lieu d'offrir une collaboration pleine et fraternelle, on offre une moitié de
doute et de suspicion, à quel succès peut-on s'attendre ? Cultivez donc
votre capacité à coopérer, en commençant par les tâches les plus
routinières. C'est une erreur de supposer que la coopération se manifestera
dans les grandes actions si elle est absente des actes qui forment la trame
de la vie de tous les jours. Sondons les profondeurs de notre conscience
pour savoir si, en esprit, nous sommes prêts à coopérer.
Impossible de penser à la Fraternité si nous ne nous réjouissons pas de
participer à un travail commun. Celui-ci comporte maints aspects qui
correspondent à des capacités différentes. Le champ du labeur est-il trop
étroit ? N'est ce pas une source de joie que de voir d'authentiques
travailleurs autour de soi ? Grande est la joie que Nous inspire chacun
d'eux. Il faut encourager discrètement tous ceux qui approchent. Mais ne
déplorez pas ceux qui tombent au bord du chemin si leur esprit est
incapable de comprendre la véritable joie.

        109. Dans l'Infini, maintes sensations ne peuvent s'exprimer en termes
terrestres. Certaines d'entre elles emplissent le cœur de palpitations,
pourtant pareille tension ne sera ni terreur ni extase. Difficile de décrire le
sentiment de celui qui se tient au bord du gouffre sans fond. Il n'a pas peur,
mais ne peut agir hardiment. Il ne voit nul support et ne sait que faire dans
cette situation. Heureux est-il si, derrière lui, se tient la Fraternité qu'il
réalise dans sa plénitude. Celle-ci n'a rien d'abstrait. Elle est là, présente
pour le bonheur de l'humanité.

        110. Si le sentiment exaltant de Fraternité est difficile à ressentir dans
la condition terrestre, la Fraternité est entièrement accessible à tout esprit
qui y aspire. Point n'est besoin de compliquer la chose il suffit de ne rien
souhaiter pour autrui que l'on ne veuille pour soi-même. Ainsi, chaque
jour, chaque occupation, chaque pensée est l'occasion de s'affirmer dans la
réalisation de la Fraternité.

        111. Les bonnes actions ressemblent aux fleurs de la prairie. Parmi les
plantes curatives, il s'en trouve parfois d'autres de belle apparence, mais
vénéneuses. Parmi les magnifiques manifestations peuvent en exister
d'extrêmement mortelles. Seule l'expérimentation permet d'opérer une
sélection correcte. La mauvaise foi renferme un poison destructeur. Tout
ce que l'on construit sur la fausseté dégénère en laideur. On parle beaucoup
des bonnes actions, encore faut-il qu'elles soient réellement bonnes Que les
hommes cherchent au fond de leur cœur leurs moments de bonté. Aucun
masque ne saurait cacher le squelette repoussant de la fausseté Ne
condamnons pas, chacun s'est déjà condamné lui-même.

        112. Jamais un tronc fendu par la foudre n'a repris sa forme première.
Impossible de pénétrer au fond du cœur s'il s'est enténébré comme frappé
par la foudre. Nul ne s'attend à ce que l'arbre redevienne fort et
ombrageux. Parmi les appels à la Fraternité, ne comptez pas sur un cœur
qui a oublié le bien.

        113. Toute connaissance scientifique est belle, dans la mesure où elle
n'aboutit pas à une impasse. Un authentique chercheur de vérité ne
reconnaît pas de situation sans issue. Constamment il peut accroître ses
connaissances en développant de nouvelles branches du savoir. Pareille
extension de connaissance est la meilleure indication pour se préparer à la
Fraternité. Il est difficile de connaître pareille infinitude, pourtant ce sera
la pente naturelle, le seul chemin pour celui qui connaît le sens de
l'évolution. Mais que le cœur ne s'endurcisse pas dans des hypothèses. Que
soit préservé le ravissement à toute approche d'une nouvelle conscience.
Un cœur pétrifié ne montera pas à la Tour ; il ne fortifiera pas le corps
subtil ; un cœur de pierre demeurera enfermé en deçà des limites terrestres.
Il est très important de comprendre la vie du cœur. Ne lui permettons
pas de retourner à la pierre brute. Surveillons-en de près les
manifestations. Sans le cœur, ne peut se bâtir la Fraternité.

        114. N'oublions pas une autre qualité indispensable sur le sentier : le
non-attachement à la propriété. L'avarice ne convient nulle part ; elle
retient sa victime dans les sphères inférieures. L'attachement d'un miséreux
constitue un obstacle insurmontable. Alors qu'il n'est pas facile de renoncer
à la propriété, l'avarice est certes le plus grave facteur qui fait plonger dans
l'abîme.

        115. C'est une erreur de supposer que la majorité sait lire des livres.
C'est un art à cultiver. Lorsque les gens acceptent un livre, cela ne signifie
pas qu'ils savent le lire correctement. On voit avec quelle approximation ils
interprètent le texte lu et comme leur compréhension est éloignée de la
pensée de l'auteur. J'affirme que les livres sont trop peu compris, pourtant
l'énergie primordiale peut être un excellent guide. Elle aide fréquemment à
trouver l'ouvrage dont on a besoin et à en extraire ce que l'on désire. Il
suffit d'être attentif. Cette capacité est aussi à cultiver en soi.

        116. On entend souvent des récits sur le début ou l'abolition de la
Fraternité. On nomme divers pays, cite maintes époques, mais nul ne peut
dire avec certitude quand des Communautés se sont fondées. Les hommes
considèrent comme un beau conte les indications éparses sur la Fraternité.
Maintes disputes et malentendus portent sur des points de détails de la
structure de la Fraternité terrestre. Le plus souvent, elle est considérée
comme inexistante. Vous remarquerez que les gens tombent dans une
irritation particulière lorsqu'ils en discutent la structure. Ceux qui refusent
tout ce qui dépasse leur imagination sont particulièrement soupçonneux.
Ils oublient que l'imagination est une accumulation de la réalité. Ils ne
peuvent donc admettre qu'il existe quoi que ce soit qui dépasse leur propre
conception de la vie.
Trop rares sont les voyageurs véritablement ouverts à l'extraordinaire.
Au contraire, les preuves les plus exceptionnelles sont écartées par les
explications les plus triviales. Tels des aveugles, les hommes refusent
d'observer l'évidence ; ils la fuient pour s'enfermer dans leurs illusions
conventionnelles. On peut donc demander : "Qui donc se consacre le plus
à la vérité : celui qui s'enfonce dans la narcose de l'illusion ou celui qui est
prêt à affronter la réalité avec ardeur et courage ?"
Nous tenons en haute estime ceux qui servent la réalité.

        117. Ne considérons pas les sceptiques comme des serviteurs de la
réalité. Les sceptiques traversent la vie affublés d'un voile gris. Croyant se
rebeller contre l'illusion, ils se couvrent constamment d'une toile
d'araignée. Remarquez ceux qui, dès leur tendre enfance, ont aimé la
vérité.

        118. Les légendes sur l'Armageddon mentionnent des hommes au
visage voilé. Ne se passe-t-il pas quelque chose d'analogue aujourd'hui ?
Le monde entier se revêt d'un voile et le frère s'élève contre le frère.
Précisément, les visages voilés n'avancent pas.

        119. Certaines personnes développent la patience au plus haut point,
remarque-t-on, tandis que d'autres en sont totalement dépourvues. Quelle
en est la raison ? Une qualité si fondamentale ne peut être le fruit du
hasard. Sachez qu'elle est l'aboutissement de nombreuses vies d'effort.
L'individu patient est un ouvrier de vaste expérience. Seuls de grands
travaux apprennent l'inutilité de l'irritation. Devant la Grande Image, se
perçoit la totale insignifiance des phénomènes transitoires. Sans de
nombreuses épreuves, impossible d'apprécier et de distinguer les qualités
qui se manifestent dans la vie. Loin d'être une distinction conférée
arbitrairement, la patience, au contraire, fait partie de ces vertus acquises
au prix de grandes difficultés au cours de séjours terrestres et subtils. Elle
dénote donc une riche expérience, alors que l'impatience dénote un novice
dans la vie. Souvenons-nous-en sur le Sentier.

        120. L'esprit d'initiative est une qualité indispensable. Sa conquête,
elle aussi, est difficile. Elle peut verser dans l'arbitraire ou s'affaiblir
jusqu'à complète dissolution. Chaque Instructeur applique ses efforts pour
susciter chez ses disciples un réel esprit d'initiative, alors comment
réconcilier cela avec la Hiérarchie ? Maintes interprétations erronées
bloquent la compréhension de ce concept. Des volumes entiers pourraient
traiter de la contradiction entre initiative et Hiérarchie. Certains
insinueront et tenteront de prouver que le caractère immuable de la
Hiérarchie est ébranlé Ils tenteront de dissimuler le fait que l'esprit
d'initiative doit s'accompagner d'accord ou, comme on dit, d'harmonie avec
tous les degrés de conscience.

        121. Sachons vaincre l'illusion des contradictions.
Cultivons la bonté d'une part, d'autre part comprenons l'austérité. Pour
beaucoup, pareille tâche est complètement insoluble ; seul le cœur parle
lorsque les deux qualités ne se contredisent pas. Le cœur indique lorsqu'il
faut se précipiter au secours de son prochain et ordonne quand couper
court à la folie d'un animal féroce. Impossible d'énoncer sous forme de
règle générale le moment précis où la nécessité de telle ou telle action
devient évidente. Les lois du cœur ne sont pas écrites, en lui seul habite la
justice, car le cœur est le pont entre les mondes.
Quel est le degré d'abnégation ? Quel est le critère de
l'accomplissement ? Quelle est la mesure du devoir ? L'épée de la
connaissance étincelle au commandement du cœur. Pour le cœur, il n'est
pas de contradiction.

        122. Pénétrer dans les sphères du Monde Subtil et vivre sur terre ne se
contredisent pas. La vie du Monde Subtil n'est pas nécromancie ;
habituons-nous à bien le comprendre. Si les yeux terrestres ne voient pas,
si les oreilles n'entendent pas, le cœur, lui, reconnaît la réalité. Pour
progresser, il faut reconnaître le Monde Sur-terrestre [ce qui dépasse le
terrestre, tout en étant aussi sur terre]. En outre, une telle expansion de
conscience transformera toute notre attitude envers la vie. Le temps est
proche où il faudra préparer la conscience à des perceptions de grande
ampleur. Seule une vaste compréhension permettra de discerner le
processus en cours.

        123. Vous voyez que le monde est en guerre. Divers en sont les
aspects ! Ils se dissimulent ici, ils éclatent là au grand jour, ils signifient
cependant une seule et même chose. La révolution prend, elle aussi, un
sens particulier ; elle peut se produire sans cette étiquette. Certains
trouveront le processus trop lent mais, intérieurement, il s'accélère.

        124. Maintes fois, des comètes mirent la terre en danger. Malgré la
tension de l'atmosphère, les hommes n'ont rien ressenti d'inhabituel.
Quelques rares individus ont compris à quel point l'atmosphère était
tendue, mais la grande majorité n'a absolument rien remarqué. Il est
possible d'effectuer une curieuse expérience, en observant combien
l'humanité réagit à certains évènements. Remarquez que, souvent, même
des événements mondiaux manifestes ne touchent pas la conscience. La
raison en est que les hommes veulent voir les choses à leur manière, sans
laisser leur conscience s'exprimer avec justesse. Ces personnes ne sont pas
aptes à coopérer.

        125. Ceux qui travaillent à moitié sont, eux aussi, de peu d'utilité. Ils
sont facilement déçus et n'obtiennent aucun résultat. Le labeur doit se
fonder sur une consécration totale. Il nous est rarement donné de voir les
fruits du labeur, du moins sachons que chaque goutte de sueur est déjà un
acquis définitif. Semblable connaissance permettra de poursuivre la tâche
dans le Monde Subtil. N'est ce pas la même chose, si la tâche est
accomplie mentalement et s'imprime en formes-pensées ? La seule
condition est que le labeur soit utile. Il ne nous appartient pas de juger où
le travail est de la plus grande utilité ; il a sa propre spirale.

        126. Jamais, auparavant, nous n'avons parlé sous une telle tension.
Jamais la Terre n'a été à ce point enveloppée de gaz brun. Jamais la Terre
n'a été aussi submergée de haine. Impensable de ne pas sentir les
convulsions qui secouent les nations ; donc, lorsque Je parle de protéger la
santé, J'ai à l'esprit l'état inhabituel des affaires à travers le monde. Il est
regrettable que les nations ne se préoccupent pas de l'état du monde. Elles
gaspilleraient moins d'énergie ! Ne croyez pas que cette tension
particulière ne provienne que de circonstances privées ; elle vibre à
l'unisson des conditions mondiales. L'énergie psychique est tendue, prête à
la fois à recevoir et à rejeter. L'esprit perçoit les pensées manifestées dans
le Monde Subtil.

        127. Les explosions d'étoiles exercent leur impact sur la Terre non pas
au moment où elles ont lieu, mais lorsque la photo-chimisme produit sa
réaction. Cet exemple est tout à fait instructif au plan des relations
humaines. Impossible de délimiter le début et la fin des corrélations.
Puisqu'il existe des corps célestes dans l'Univers fort éloignés les uns des
autres qui, pourtant, interagissent puissamment, les fluides humains
peuvent agir à de grandes distances. Entre le Monde dense et le Monde
Subtil, on peut percevoir un réseau extrêmement complexe d'interaction. Je
ne parle pas ici de transmission de pensée, mais de l'émanation de fluides
qui, tel un écoulement constant d'énergie primordiale, est gouvernée par le
principe magnétique. C'est une base à prendre en compte pour toute
coopération.


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